Cinq jours d'intenses négociations à Genève sur la libéralisation des échanges commerciaux n'ont pas abouti à des accords entre les pays en développement et les pays riches. Et pour cause, ces derniers s'entêtent à vouloir imposer aux pays émergents d'abaisser leurs droits de douane sur les produits industriels, sans pour autant accepter leurs revendications, à savoir l'ouverture du marché agricole. Ainsi, près d'une semaine durant, les pays en développement se retrouvent dans des «négociations» avec les Etats-Unis qui refusent de réduire leurs subventions agricoles et les Européens qui continuent de fermer leur marché. «S'il n'y a pas de réduction effective des subventions aux Etats-Unis et si les Européens n'assouplissent pas leur marché agricole, il n'y aura pas d'accord», a averti, lors d'un point de presse à Brasilia, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, avant d'ajouter qu'il faudra que chacun assume ses responsabilités. La déclaration de M. Lula montre la détermination et la résistance du Brésil au forcing que tentent de faire les pays riches pour arracher des concessions aux pays du Sud et ce, en dépit des conséquences désastreuses sur leurs économies. La résistance des pays émergents au diktat des grandes puissances mondiales a été affichée lors de la réunion, jeudi dernier, des responsables du commerce des Etats-Unis, de l'Union européenne, de l'Inde, du Brésil, du Japon, de l'Australie et de la Chine, sous l'égide du directeur de l'OMC, Pascal Lamy, qui n'est parvenue à aucun accord sur les principaux points du cycle de Doha, lancé il y a sept ans. L'éventuel échec des négociations incombera essentiellement aux pays riches qui refusent de faire des concessions aux pays en développement, car, comme l'a bien souligné le président brésilien, les négociateurs américains et des pays européens sont habitués à une époque où il n'y avait pas de négociation. «Ils imposaient ce qu'ils voulaient et les autres étaient contraints d'accepter. Aujourd'hui, il faut tenir compte de l'existence des pays émergents», a déclaré encore M. Lula. Le constat est amer : les «négociations» ne servent en réalité qu'à accroître la prospérité des pays développés. Chose que refusent le Brésil et l'Inde qui rappellent que le cycle de négociations, dit «Programme de Doha pour le développement», a été ouvert en 2001 dans l'objectif de mettre la libéralisation du commerce au service des pays pauvres. La réalité est malheureusement tout autre, puisque les pays pauvres continuent de sombrer dans la famine et qu'au même moment on tente d'appauvrir d'autres pays. A cet effet, le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, a indiqué que son pays ne peut accepter ni négocier, ce sont les moyens de subsistance des paysans indiens. Une belle leçon de résistance à retenir. C. B.