Photo : Riad De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine C'est une réalité, rien ne va plus dans le secteur de l'éducation. Le niveau des élèves ne cesse de régresser et les parents sont conscients de cette situation puisqu'ils sont obligés d'opter pour des cours de soutien afin d'éviter à leurs enfants l'échec scolaire. Ce n'est plus comme avant, lorsque les élèves s'adaptaient facilement à leur programme d'enseignement. De nombreuses personnes disent que, pour juger de la qualité de l'enseignement dans le secteur de l'éducation, il faut observer les nouveaux bacheliers, dont une partie n'arrive plus à écrire une simple phrase en français ou rédiger correctement un texte, en arabe comme en français. Si aujourd'hui on constate avec regret que certains étudiants inscrits en première année universitaire préfèrent répondre en langue arabe à une question posée en français, cela veut dire que des lacunes existent dans les différents paliers de l'éducation. Que ce passe-t-il réellement dans le secondaire pour qu'une grande partie des bacheliers présente des faiblesses très graves dans plusieurs matières ? Pour répondre à cette question, il faut aussi voir du côté des programmes et de la formation des enseignants. Les nombreuses modifications apportées aux programmes ces dernières années ont eu des effets négatifs puisque de nombreux élèves n'ont pas pu suivre le rythme à cause du niveau trop élevé pour leur classe. Même les parents éprouvent des difficultés à aider leurs enfants. «Ces nouveaux programmes sont compliqués. Je me demande pourquoi on procède à des ajouts qui ne conviennent pas», dira Kamel, un parent d'élève qui constate qu'il lui est difficile d'expliquer certaines leçons à son fils qui est au primaire. Ses enfants n'arrivent pas à assimiler certains cours, lesquels dépassent largement leur niveau. Le programme de français, d'après notre interlocuteur, est difficile à comprendre même pour les élèves du lycée ; certaines expressions utilisées dans les textes montrent clairement qu'on complique les choses pour ces enfants et que ces programmes sont élaborés par des gens qui, complètement coupés des réalités du terrain, travaillent dans des bureaux sur la base de concepts et de théories. D'autres parents d'élèves disent aussi que certains enseignants manquent de formation et de techniques pédagogiques, lesquelles facilitent aux élèves la compréhension. Selon eux, seuls les anciens enseignants arrivent à tenir convenablement leur rôle, car les nouveaux enseignants sont, eux aussi, victimes des réformes entreprises dans le secteur de l'éducation d'autant qu'ils ont suivi leur formation lors des changements de programmes engagés. Aujourd'hui, il n'est pas étonnant de voir un enseignant ou une enseignante de français commettre des erreurs dans la conjugaison, à titre d'exemple, puisque nombre d'entre eux ne possèdent pas de licence en français, ayant intégré l'enseignement sur la simple présentation d'un document indiquant que le postulant a des bases en langue française et ce, même si, en fait, il a suivi des études en biologie, agronomie ou autres. Par ailleurs, la surcharge des classes constitue l'un des plus importants problèmes que rencontrent les enseignants, d'autant qu'il est difficile pour eux de dispenser des cours dans une classe comptant plus de 35 élèves alors que les normes universelles parlent d'un nombre très réduit afin que les élèves puissent convenablement être suivis durant leur parcours scolaire. S'agissant de l'emploi du temps, de nombreux parents d'élèves disent qu'il existe trop de matières, ce qui risque de saturer les enfants, lesquels n'arrivent plus à les maîtriser. «Avant, peu de matières étaient inscrites dans l'emploi du temps, cela facilitait l'enseignement et le développement des connaissances des élèves», dira Mokhtar, un parent d'élève. De nombreux citoyens s'interrogent également sur les raisons qui font que les enseignants ne revendiquent pas l'amélioration du volet pédagogique, y compris l'allègement de l'emploi du temps, la réduction du nombre d'élèves par classe et la révision du programme alors qu'en revanche ils ne cessent de réclamer des augmentations de salaires. Pour ces citoyens, il est tout à fait légitime que les enseignants revendiquent une augmentation de salaire, mais ils doivent aussi penser à l'avenir de ces enfants, lesquels vont souffrir de lacunes qui seront difficiles à combler, même avec les cours de rattrapage. De plus, certains programmes ne pourront pas être bouclés. En somme, les grèves lancées ces derniers temps viennent démontrer, encore une fois, qu'il reste encore beaucoup à faire pour l'école en Algérie, une institution des plus stratégiques pour les pays qui regardent vers l'avenir, et qu'en fait rien n'est fait à ce jour, ou si peu.