Un conseil interministériel tenu dernièrement a décidé de lever temporairement l'interdiction d'importation de la viande ovine. Il a également décidé d'importer de la viande blanche et du citron. Tout cela en prévision du mois de Ramadhan prochain. L'objectif de ces mesures consiste dans la lutte contre la spéculation, si l'on en croit le ministre du Commerce qui en a fait l'annonce jeudi dernier. Ainsi, au lieu de donner la chasse aux spéculateurs avec des moyens coercitifs, l'Etat a décidé de puiser dans les caisses du Trésor public pour éviter que le citron qui nous venait l'année dernière d'Espagne ne soit cédé à 400 DA. Pour que la viande qui sera utilisée dans la chorba pendant 30 jours ne soit pas cédée à 1 000 DA. Pour que la volaille n'atteigne pas 350 DA le kg. Cependant, force est de constater que toutes les mesures prises dans ce sens, lorsque la pénurie de pommes de terre battait son plein et que les prix des autres légumes ont connu une augmentation en flèche alors que la surproduction était de mise, n'ont pas réussi à alléger les souffrances des onsommateurs. Lorsque le citron espagnol inondait le marché, celui produit localement avait carrément disparu des étals. Les importateurs, mandataires et autres intermédiaires imposaient leur diktat dans l'impunité la plus totale. Entre-temps, les pouvoirs publics ont brillé par leur impuissance à combattre ces sangsues pendant que les consommateurs, souvent dépourvus, il faut le signaler, de civisme en se soumettant à leurs conditions, se faisaient saigner jusqu'à la lie. Jusqu'à présent, aucune mesure d'inondation par les pouvoirs publics des produits de large consommation n'a fait ses preuves. En revanche, si les contrôles avaient été renforcés avec la mise en branle de l'ensemble des moyens nécessaires, les prix seraient plus cléments et le Trésor aurait économisé les devises fortes pour les utiliser à des besoins autrement plus vitaux. Faire le jeu des spéculateurs au lieu de leur mener la guerre n'est pas forcément la bonne solution, puisqu'ils trouveront quand même un autre moyen de s'enrichir le temps d'un mois de jeûne sur le dos des gens. Force doit revenir à la loi et l'Etat devra recouvrer son rôle de puissance publique et de régulateur. Tout le reste ne serait que du bricolage. F. A.