Le pays aura, une fois de plus, recours à l'importation pour faire face à la flambée des prix lors du mois sacré. Dans un pays, où le problème de nourriture n'a pas encore trouvé de solution, il y a de quoi s'inquiéter très sérieusement. Encore une fois, le gouvernement a recours à l'importation dans l'espoir de stabiliser les prix lors du prochain Ramadhan. Pour ce faire, 10.000 tonnes de viandes rouges fraîches, 5000 tonnes de viandes congelées, 4000 tonnes de viandes blanches, 30.000 tonnes de poudre de lait et 1000 tonnes de citron seront importées en prévision du mois sacré du jeûne. C'est ce qu'a annoncé hier, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, lors d'une conférence animée hier au siège de son département à Alger. Ni le prix, encore moins la marge n'ont été fixés ou du moin, rendus publics. Combien couteront ces produits qui seront importés? Point de réponse, le ministre du Commerce s'est contenté d'annoncer cette «nouvelle» aux Algériens qui s'offriront une chorba importée cette année. Voilà donc une stratégie- si elle en est une- de facilité. En effet, après l'échec cuisant de la stratégie adoptée en 2009, pour lutter contre la spéculation et la hausse des prix durant ce mois sacré, le Conseil interministériel, constitué des ministères de l'Agriculture et du Commerce, a opté pour de nouvelles mesures de régulation des prix des produits alimentaires de large consommation. Parmi les mesures arrêtées, l'autorisation d'importer 10.000 tonnes de viande ovine fraîche et 5000 tonnes de viande congelée. M.Djaâboub a précisé que le ministère de l'Agriculture a déjà entamé l'octroi des licences d'entrée aux opérateurs privés pour importer cette quantité de viandes fraîches. Le ministre du Commerce a précisé que ces licences ne sont accordées qu'en rapport avec les conditions d'hygiène de l'élevage du cheptel observées par le pays fournisseur, ajoutant que les opérateurs pourraient se référer à une liste de ces pays, élaborée par le ministère de l'Agriculture. Ce contingent de 10.000 tonnes de viandes sera réparti entre les opérateurs privés selon le modèle d'importation des contingents de certains produits de l'Union européenne, appelé «premier arrivé, premier servi», a-t-il expliqué. Quelle belle opportunité! «En avant l'importation, il n' y aura pas de place pour les derniers!» Ainsi, la principale mesure adoptée lors de ce Conseil interministériel consiste à inonder le marché en viandes rouges d'importation pour contrebalancer les fluctuations ou les manipulations de la loi de l'offre et la demande et, par la même, faire barrage à la hausse des prix. En outre, le Conseil a décidé l'importation de 1000 tonnes de citron, dont le prix avait connu une hausse fulgurante durant le Ramadhan 2009, atteignant le prix de 400 dinars le kilo. Une décision jugée inconcevable par les observateurs, puisque le citron n'est pas un produit de première nécessité comme le lait, la pomme de terre, d'autant plus que la production d'agrumes a été exceptionnelle cette année. Et puis, l'Algérien va-t-il mourir s'il ne consomme pas de citron? A propos du lait justement, le Conseil envisage d'importer 30.000 tonnes supplémentaires de poudre de lait pour faire face à la demande en constante croissance. Le Conseil interministériel a aussi chargé la SGP Proda de l'acquisition sur le marché local de 4000 tonnes de viandes blanches. Un autre non-sens puisqu'en matière de viandes blanches l'Algérie a largement acquis son autosuffisance. Le problème se situait au niveau de la régulation du marché et de la distribution. Aussi, cette importation de poulet va-t-elle juguler la spéculation? Ce n'est pas sûr, il n' y a qu'à voir ce qui se passe actuellement dans le cas du ciment. Par deux fois, l'Etat a décidé d'inonder le marché en ayant recours à l' importation mais les spéculateurs sévissent toujours. Par ailleurs, l'Oaic a été chargée de l'importation et de la régulation des prix des légumes secs. Le Conseil interministériel a aussi demandé à la Banque de développement rural (Badr) d'accorder à SGP Proda et à l'Oaic des crédits à taux bonifiés pour le financement de construction de silos de stockage, de mise à niveau et de réalisation d'abattoirs.