Photo : S. Zoheïr La section de la Fondation Emir Abdelkader de la wilaya de Tlemcen a élaboré un riche programme visant surtout à mettre sur pied des projets de restauration des sites érigés par celui qu'on désigne comme le fondateur de l'Etat algérien, l'Emir Abdelkader. Les sites visés sont la caserne de l'Emir qu'il avait construite à Sebdou en 1840 ainsi que les ruines de son moulin situé à Habalet, dans la même ville. Selon la présidente de la section de la Fondation Emir Abdelkader, Rostane Nouria, le programme d'activités comprend également des conférences-débats sur cette personnalité afin de mettre en lumière cet homme et d'inculquer aux jeunes l'héroïsme de nos ancêtres qui ont combattu le colonialisme français. De 1837 à 1842, l'émir Abdelkader a installé dans la région un campement militaire fortifié à l'emplacement même de l'actuelle caserne qui avait été complètement réaménagée par les Français, après qu'ils en eurent pris possession. Autour de ce camp, et comme il était de coutume, vinrent s'installer tout d'abord les familles des djounoud de l'armée de l'Emir. Certaines de ces familles originaires de Mascara ont eu des descendants qui sont restés à Sebdou. Il y eut également d'autres familles venues par la suite du Maroc, de Kabylie et d'ailleurs. Ces familles de différentes contrées constitueront les premiers habitants de la ville. Selon ces documents, c'est à Sebdou, dans un lieu bien connu, qu'a été, par ailleurs, signé le fameux traité de la Tafna entre l'Emir et le général Cavaignac, qui devait mettre fin à la guerre. Mais les combats se poursuivront encore pendant une dizaine d'années après cet accord devant mettre fin aux hostilités. Quoi qu'il en soit, le centre de Sebdou a très certainement connu, à plusieurs reprises, la présence des deux chefs de guerre puisqu'un gros chêne millénaire dont seul l'emplacement existe encore -l'arbre a été brûlé en 1950- était connu sous le nom de «chêne Cavaignac». L'Emir a laissé tout particulièrement les traces de son passage dans la région. La distribution des eaux de Aïn Tagga se fait encore de nos jours suivant le système qu'il avait mis en place et officialisé par un acte signé de sa propre mains. En 1844, le général Lamoricière installa un poste à Sebdou pour tenir en respect le sultan marocain Abderrahmane, alors allié de l'Emir. Ce poste entouré d'un mur d'enceinte, qui n'a été achevé qu'en 1848, comprend 4 faces de 77 mètres de long, flanquées de 4 bastions. A l'intérieur de ces constructions s'élevaient un hôpital militaire et deux bâtiments servant de logement. En 1850, on ajoute au fort un camp retranché destiné à l'origine presque exclusivement aux besoins de la population militaire. Plus tard, vers 1866, lorsqu'il fut question de faire de Sebdou un centre de colonisation, l'hôpital commença à recevoir des malades civils. En 1866, la ville de Sebdou s'agrandit et eut un poste télégraphique la reliant à Tlemcen. En 1871, un camp de baraques est substitué aux anciens camps qui servaient au séjour des nombreuses colonnes françaises sillonnant le pays. Le centre colonial de Sebdou a été définitivement créé en 1872. Il se développa suivant un plan de lotissement comprenant onze parcelles de terrain réparties de part et d'autre de la route nationale, le long de l'oued. Le centre comprenait à l'origine 15 concessions pour une superficie de 700 hectares. En 1848, 8 concessions de 1 200 hectares sont accordées à de nouveaux colons. C'est en 1875 que le village a commencé à prendre de l'extension avec la construction d'un camp de baraques qui existe encore de nos jours. Ce développement amènera des ouvriers à s'établir dans la région. En 1879 seront érigés une église et un presbytère pour les colons déjà en nombre assez élevé. On construira également une brigade de gendarmerie et une école. Le marché devient alors assez important et le centre est érigé en commune mixte. La création d'un tribunal est intervenue en 1883.