Photo : S. Zoheir Par Hassen Gherab Siroter un café en suivant un débat sur un thème donné ou en lisant un livre, prendre un en-cas en suivant une représentation théâtrale ou déguster un plat en appréciant de bons morceaux de musique en live n'est-ce pas là un menu des plus appétissants ? C'est le menu que proposent ces «commerces» singuliers qu'on appelle café-concert, café-littéraire et café-théâtre.En théorie, une telle recette ne peut que marcher. Il suffirait d'aménager une scène pour les artistes et le commerce qui l'adopterait en tirerait profit. Car le manque à gagner induit par la perte de l'espace qu'occupera la scène, où on aurait pu placer deux ou trois tables, sera compensé par l'attractivité que garantira l'activité artistique. Et ça marche réellement, du moins dans les pays où les arts et la culture ont la place qui leur revient tant dans la politique du pays qu'au sein de la société.En Algérie, entre la théorie et la pratique, il y a cette réalité du terrain parsemé d'embûches, écueils et obstacles qui constituent un décourageant parcours du combattant.Un café-littéraire est, administrativement parlant, considéré comme un débit de boissons, devant payer les mêmes charges, taxes et impôts que tout autre commerce du genre. Aucune mesure incitative ou détaxation n'est accordée à l'activité commerciale bien qu'elle soit dédiée en partie à la promotion et la diffusion de la culture, ce qui aurait dû lui permettre de bénéficier d'avantages fiscaux, si le ministère de la Culture avait entrepris de mettre en place les mécanismes d'aides nécessaires, en collaboration avec les ministères concernés.Mais les mesures d'aides et le statut administratif de ces «commerces», s'ils sont plus que nécessaires, ne sont pas pour autant suffisants. La dimension humaine a sa part, en ce sens que, pour avoir des cafés-concerts, cafés-littéraires et cafés-théâtres, il faut avoir les patrons qui donnent à la culture son véritable statut et lui accordent toute la valeur et la place qu'elle mérite, pas seulement dans leur commerce mais dans le développement de la société. Or, nombreux sont les gérants de café et de restaurant qui ne voient en la culture qu'un argument commercial. Et si l'activité commerciale bénéficiait en plus d'abattements fiscaux grâce à la culture, ce n'en serait que plus intéressant. L'administration, si d'aventure elle se décide enfin à accorder un statut avantageux à ces activités commerciales -ce qu'on nous appelons de tous nos vœux- devra donc au préalable faire un sassage pour écarter tous les opportunistes et les clandestins de la culture. Pour ce faire, il s'agirait par exemple d'établir un cahier des charges obligeant les gérants à présenter un programme d'activités culturelles et de veiller à son application.En attendant que la lourde machine administrative se mette en branle pour régler ses rouages afin qu'ils ne laminent pas ces commerces si particuliers, les ministères et les décideurs peuvent faire un geste en direction de la culture et de ceux qui travaillent à sa diffusion et sa socialisation -car il y en a- en instituant le mécénat et le parrainage, lesquels seraient d'une aide providentielle pour ces serveurs et serviteurs de la culture.