Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Dès l'abord, les contrôleurs de l'ETUSA à la station de bus de la place 1er Mai, très serviables, nous indiquent le bus affecté au Festival international de la littérature et du livre de jeunesse. Il est déjà plein, des familles essentiellement. «Mama, tu va m'acheter des contes !», demande un petit gosse à sa mère qui lui en fait la promesse. «Il paraît qu'il y a des livres pas trop chers», dit-elle à sa voisine, qui confirme et renchérit : «Ça fera toujours une sortie pour les enfants. Il y a des conteurs, un atelier de peinture, des spectacles…». Presque toutes les discussions dans le bus tournent autour du Feliv. Chacun y va de son commentaire et/ou son appréciation. Mais, dans l'ensemble, tous s'accordent à dire que le festival a marqué des points. Le bus démarre enfin. 20 minutes et 10 stations plus tard, on arrive à Riadh El Feth. Les enfants sont partout. Leurs trépidations, leurs cris et leurs pleurs -pour ceux qui n'ont pas eu ce qu'ils demandaient-, emplissent l'esplanade. Pour l'achat des livres, les parents essayent de satisfaire la demande, mais en privilégiant les besoins, scolaires notamment, de leurs enfants. «Vous savez, notre budget n'est pas illimité. C'est vrai que les livres sont relativement à bon prix, mais quand on a quatre gosses, on est quand même obligé de faire des calculs et de donner la priorité aux livres dont ils auront besoin dans leur scolarité», explique une maman. Plus loin, un père discute avec son fils adolescent tandis que sa femme examine les ouvrages rangés dans un tourniquet. «C'est notre première visite. Mais on remarque que cette édition est bien meilleure que celle de l'année dernière. On a l'impression que les guéguerres entre éditeurs, importateurs et ministère ont été oubliées, et c'est tant mieux pour le livre. Pour ce qui est du prix, nous n'avons pas encore fait le tour, mais quand je vois un Amin Malouf à 160 dinars, je me dis que ça s'annonce bien», dira-t-il. Une dame, accompagnée de sa fille, est de cet avis : «Nous venons d'arriver, mais à voir les prix, je sens que la facture sera lourde, parce que nous avons bien l'intention de faire le plein de livres, tous genres confondus.» Ce ne sont évidemment pas tous les enfants qui auront la chance d'emporter tous les livres qui auront accroché leurs regards. Il y a de la frustration dans l'air, mais qui ne dure que le temps d'arriver à un de ces espaces où l'enfant peut se consoler et oublier son gros chagrin en écoutant un conteur, en s'essayant à la danse avec une danseuse africaine, en peignant sous la direction d'un artiste sénégalais des paysages africains ou en faisant une partie de dames, d'échecs ou de jeu de l'oie. Et s'il veut lire, dans le stand de la Bibliothèque nationale il y a des tapis, des coussins et… des livres. L'enfant est au cœur du Feliv. Il est son principal acteur et objectif, même si certains exposants ont ignoré la philosophie du festival, qui est la promotion du livre et de la lecture, chez l'enfant principalement. Le meilleur exemple de cette relégation du livre au rang de marchandise est certainement l'attitude des libraires qui ont brillé par leur absence -à l'exception du responsable de la librairie la Renaissance-, lorsque les éditions Alpha les ont invités, mercredi dernier, à assister au lancement de la deuxième campagne «C'est l'été, lisez !» pour laquelle l'éditeur consent des réductions de 10 à 50%. Pourtant, les libraires, qui ont tout à gagner, commercialement, -les 30% de leur marge bénéficiaire restent intacts- n'ont pas jugé utile de se déplacer ni même d'apporter leur soutien à une opération qui leur profite en premier lieu.