Face à la multiplication des activités terroristes et des interventions «étrangères» dans la région du Sahel, l'Algérie a décidé de réagir. Pour mettre de l'ordre dans les relations entre les pays du Sahel, une réunion ministérielle est donc programmée mardi à Alger. Elle réunira l'Algérie, le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Tchad, la Libye et le Burkina Faso.C'est ce qu'a annoncé hier le ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, lors d'une brève intervention sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. «Cette conférence, organisée à l'initiative de l'Algérie, en concertation avec les pays concernés, va se consacrer à la recrudescence de l'activité terroriste et du banditisme de manière générale», a-t-il estimé, rappelant que la sécurité et le développement sont les maîtres mots des relations entre les pays de la région. Apparemment soucieux de ne pas ranimer les tensions autour de la libération de certains otages au nord du Mali dans des conditions largement discutables, Abdelkader Messahel a préféré rappeler l'essentiel, soit le type de relations qu'entretiennent les pays de la région sur les plan bilatéral ou multilatéral. Ainsi, s'agissant du Mali par exemple, il a précisé que notre pays «a des accords avec des pays du voisinage immédiat». Et des accords, souligne-t-il encore, sont basés sur des intérêts communs, mais également sur des engagements à respecter. L'Algérie a justement honoré ses engagements, selon lui. Dans des propos très mesurés, il a rappelé la contribution de l'Algérie au maintien de la stabilité dans la sous-région. C'est parce qu'elle croit que le développement est indissociable de la sécurité que l'Algérie a donc mis la main à la poche pour aider les pays voisins à stabiliser leurs régions frontalières. Ainsi, 10 millions de dollars ont été engagés pour la construction des infrastructures liées à l'eau potable, la santé et la formation professionnelle dans les régions du nord du Mali, a indiqué Abdelkader Messahel. Il a également précisé qu'une réunion des bailleurs de fonds se tiendra au mois de mai pour étudier les meilleurs moyens d'achever les 280 km de la transsaharienne qui traverseront le territoire nigérien. Cela dit, insiste-t-il, «le terrorisme constitue la plus grande menace sur la région». Une menace rappelée il y a quelques semaines par la libération d'otages occidentaux en contrepartie en échange de terroristes détenus au Mali. Avant Messahel, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a souligné vendredi dernier, dans un communiqué ayant sanctionné les travaux du conseil national de son parti (RND), le «rejet de toute velléité d'ingérence extérieure dans la région du Sahel sous le couvert de la lutte contre le terrorisme». Il est utile de rappeler que l'Algérie a rappelé «pour consultation» son ambassadeur au Mali il y a deux semaines. Elle avait ainsi protesté contre un acte jugé inamical consistant à libérer des terroristes –dont deux Algériens- en contrepartie de la libération par Al Qaïda au Maghreb islamique d'un ressortissant français kidnappé. Vendredi dernier, c'est une Espagnole qui a été libérée probablement par le même groupe. Il y a quelques mois, d'autres ressortissants européens avaient été kidnappés en Mauritanie. Ils ne sont toujours pas libérés, malgré les efforts fournis. Pour se «disculper», le Mali a même proposé, la semaine dernière, la possibilité aux pays voisins de poursuivre des terroristes présumés sur son territoire. C'est sans écho pour le moment. A. B.