Cette rencontre avait été programmée à l'issue de la conférence sur le terrorisme dans le Sahel, ayant réuni le 16 mars à Alger les ministres des Affaires étrangères des sept pays. Création d'un réseau d'information, dégager les grands axes de lutte, tracer un programme pour une couverture aérienne et déterminer la stratégie d'une collaboration fiable, tels sont les chapitres qui seront, selon des sources très bien informées, à l'ordre du jour de la réunion des chefs militaires qui se tiendra aujourd'hui à Alger. En effet, les chefs d'état-major des armées de sept pays de la région sahélo-saharienne, dont l'Algérie, se réunissent, aujourd'hui à Alger, lors d'une rencontre, considérée comme cruciale. Le but est d'évaluer la situation sécuritaire et de fixer les objectifs et les instruments de coopération dans la lutte antiterroriste. Selon le communiqué du ministère de la Défense nationale, rendu public hier, les chefs militaires de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie, de la Libye, du Tchad, du Burkina Faso et du Niger vont tout faire pour «dissiper» le grand malentendu provoqué par le Mali qui s'est plié aux exigences de l'Elysée en libérant des terroristes réclamés par l'Algérie et la Mauritanie. La réunion d'aujourd'hui n'a rien de protocolaire et les choses sérieuses vont commencer à l'instant même où la rencontre touchera à sa fin. Les sept pays sont conscients des aspects opérationnels d'un tel rendez-vous qui doit être entouré de toutes les garanties de réussite, ont confié des sources très au fait du contexte sécuritaire. Il y va de la sécurité d'une région stratégique, grande comme l'Europe. De la Mauritanie jusqu'au Burkina Faso, tous sont conscients que la lutte antiterroriste et le crime organisé imposent aux pays une coopération sérieuse fondée sur une confiance mutuelle en mesure de surmonter toutes les épreuves. Depuis plus d'une décennie, les pays du Sahel sont confrontés à des degrés divers, au phénomène transnational du terrorisme d'Al Qaîda, cette organisation qui a déclaré la guerre aux puissances occidentales tout en installant terreur et psychose en terre d'Islam! Il faut rappeler aussi que la région du Sahel connaît depuis quelques années une recrudescence du trafic de la contrebande en tout genre, mais aussi de groupes affiliés à Al Qaîda au Maghreb islamique qui ont revendiqué plusieurs enlèvements de ressortissants étrangers. Les pays de la région, ont souligné nos sources, ont intérêt à surpasser leurs différends. D'ailleurs, c'est l'un des principaux points à l'ordre du jour de la rencontre d'aujourd'hui à condition que les pays concernés soient déterminés à mettre en place une stratégie collective de lutte contre le terrorisme et le crime transnational. Forte de son expérience dans le domaine, l'Algérie va peser de tout son poids dans le processus de coopération en mesure d'épargner à l'ensemble de ces pays le risque d'une intervention étrangère indésirable. Les Américains qui semblent avoir mis au placard, pour un certain temps, le projet nommé Africom, se contentent désormais d'apporter assistance aux pays de la région. Quant à la France, elle n'a toujours pas annoncé clairement ses intentions. Nos sources ont souligné un fait notable qui aiguise les appétits: la bande du Sahel est très riche en ressources naturelles. Et ce n'est certainement pas une vue de l'esprit de dire qu'elle suscite la convoitise de nombreuses multinationales spécialisées dans le pétrole et l'uranium. En outre, plus l'insécurité règne dans la région, plus ses richesses seront bradées. Le risque est énorme. Les chefs militaires des sept pays insistent de ce fait sur l'urgence de la mise en place d'un réseau d'information, de moyens humains et matériels et d'une couverture aérienne fiable et efficace. Cette rencontre des chefs d'état-major avait été programmée à l'issue de la conférence sur «le terrorisme dans le Sahel» ayant réuni le 16 mars à Alger les ministres des Affaires étrangères des sept pays. Ces derniers avaient alors réaffirmé leur «ferme condamnation du terrorisme» et leur «détermination à éradiquer ce phénomène» pour «redonner à la région sahélo-saharienne sa vocation d'échanges, de paix, de stabilité et de coopération féconde».