Après les diplomates ce sont les polices et les militaires des «sept» qui se réuniront le mois prochain à Alger pour approfondir leur coopération contre le fléau. Les pays du Sahel intensifient leur concertation dans la lutte contre le terrorisme. Après la réunion de mardi à Alger des ministres des Affaires étrangères, deux autres réunions, de haut niveau, sont prévues toujours à Alger le mois prochain. La date exacte de cette rencontre n'a pas été, pour le moment, précisée. Les sept pays qui se sont réunis mardi dernier à Alger, à savoir la Libye, le Mali, le Tchad, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et l'Algérie, ont décidé, après la rencontre des diplomates, d'approfondir leur concertation au niveau des départements chargés de la sécurité (Intérieur et états-majors de l'Armée). L'Algérie abritera en avril ces deux réunions des ministres de l'Intérieur et des chefs d'état-major. L'information a été donnée par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. S'exprimant à l'issue des travaux de la conférence ministérielle des pays de la région sahélo-saharienne, M.Messahel a affirmé que les sept pays du Sahel sont «réellement» entrés dans une stratégie commune de lutte antiterroriste. «Deux réunions sont prévues dans ce cadre à Alger à partir du mois d'avril, la première au niveau des ministres de l'Intérieur, la seconde au niveau des chefs d'état-major», a-t-il indiqué. Outre l'Algérie, prendront part à ces réunions les six autres pays sahéliens. Pour le ministre algérien, cette décision témoigne de la volonté et aussi de la conscience des pays concernés de la nécessité de coopérer collectivement dans le but d'instaurer la sécurité dans la région. Ces réunions interviennent dans un contexte politico-sécuritaire particulier. Sur le plan sécuritaire, la région connaît une dense activité terroriste ces dernières semaines. Plusieurs rapts, notamment d'étrangers, ont ainsi été signalés dans la région. Les groupes armés trouvent «leur refuge» dans les zones isolées de l'immense étendue sahélienne. A cela s'ajoutent les autres formes de criminalité tels le trafic de drogue, des armes et celui des êtres humains. La menace dans cette région est réelle et quotidienne. Les pays de la bande sahélo-saharienne sont conscients qu'eux seuls peuvent assurer la sécurité et le développement de la région. La présence de pays tiers ne fera que compliquer davantage la situation. Autrement dit, les tentatives d'ingérence extérieure «n'auront pour résultat que de transformer la sous-région en foyer de tension grave», soulignait récemment le parti du Premier ministre, Ahmed Ouyhaia, dans sa résolution finale sanctionnant la 3e session ordinaire du conseil national du RND. C'est le message que les pays du Sahel tentent de faire passer aux puissances occidentales qui gardent un oeil vigilant sur le développement de la situation dans la région. Outre l'approfondissement de la coopération et la lutte contre ces fléaux, les «sept» lancent un message à la France et aux Etats-Unis qui s'ingèrent, ou tentent de s'ingérer dans les affaires du Sahel. Washington ne perd toujours pas l'espoir d'installer son commandement militaire dans cette région. En fait, ni les alliés des Etats-Unis, à l'instar de Paris, et encore moins les pays africains ne souhaitent l'installation sur leur territoire de bases militaires étrangères. Parallèlement, Paris poursuit son jeu trouble. En témoignent, les péripéties autour de «l'otage» français, Pierre Camatte, libéré par les islamistes, qui n'était en fait qu'un espion en service commandé dans la région. C'est ce qui a justement provoqué un malaise entre l'Algérie et le Mali et aussi entre la Mauritanie et le Mali. Paris a ainsi réussi à jeter le froid sur les relations entre les pays de cette région. Alger et Nouakchott ayant rappelé leurs ambassadeurs respectifs à Bamako, après la libération, sous la pression de Paris, de terroristes en échange de «l'otage» français. Cette attitude de Paris n'a pas contribué à l'amélioration des relations, déjà détériorées, entre l'Algérie et la France. Toutefois, autant Paris que Washingon se sont empressés de «féliciter» les pays sahéliens de la réunion organisée à Alger. Sur cette question, M.Messahel souligne que tout ce qui émane dans ce sens des grandes puissances est «le bienvenu». Pour ce qui est de la frustration du Maroc qui n'a pas été invité à cette conférence, M.Messahel a convié les journalistes à se référer à la carte géographique du Sahel, pour constater, a-t-il dit, que ce pays n'est pas concerné par cette rencontre. Il a relevé, dans ce cadre, que d'autres pays à l'image de la Guinée et du Nigeria ont exprimé leur souhait de prendre part à la réunion mais, a-t-il précisé, son format a été décidé par les sept pays. Par ailleurs, en réponse à une question sur la position de la Mauritanie à propos de la demande de libération de terroristes en contrepartie des deux otages espagnols, le ministre a indiqué «face à ces questions, il n'y a aucune équivoque».