Une crise de confiance secoue, ces derniers jours, la paisible relation qui lie les Etats-Unis d'Amérique et Israël. L'annonce d'un vaste projet de colonisation à El Qods occupée faite par le ministre de l'Intérieur israélien pendant la visite du vice-président américain Joe Biden n'a pas été du goût de l'administration d'Obama. C'est un affront. Vendredi dernier, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, dans une communication jugée dure avec le premier ministre Benjamin Netanyahu, a condamné le procédé. C'est «un signal profondément négatif quant à l'approche par Israël de la relation bilatérale», lui a-t-elle reproché, selon le département d'Etat américain. L'effronterie de l'Etat sioniste n'a donc plus de limite. Après la construction du mur de la honte, le blocus imposé à la bande de Ghaza, l'agression contre cette même localité, le refus de se conformer aux décisions de l'ONU quant au rapport Goldstone et l'humiliation de l'ambassadeur turc sans jamais être inquiété, l'enfant choyé ose de nouveaux caprices contre son tuteur. Ce dernier se braque. Il s'agit de la crise «la plus sévère depuis 35 ans», estime l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Michael Oren. Le diplomate fait certainement référence aux pressions américaines sur l'Etat colonisateur après la guerre d'octobre 1973 pour se retirer du Sinaï. Que nous apprend cet épisode ? Après la guerre des Six-Jours, l'ONU adopte la résolution 338 (1973) et réaffirme la validité de celle de 1967 (résolution 242) qui impose, entre autres, à l'Etat colonisateur de se retirer du Sinaï. Chose faite en 1982 mais à quel prix ! Les Israéliens vendront cher ce retrait. Signature des accords de Camp David, reconnaissance de l'Etat sioniste par l'Egypte d'Anouar El Sadat restent la partie visible de l'iceberg. L'autre, immergée, est beaucoup plus importante. Depuis, Israël semble jouir de l'immunité internationale. Ses exactions redoublent. Comme l'invasion du Liban en 1982. D'autre part, les aides américaines à Israël se font plus conséquentes depuis 1974 et connaissent quelques transformations. Dès 1981, tout l'appui américain se transforme en subventions annuelles. La première subvention militaire prend effet en 1974. De cette date à 2002, Israël a reçu plus de 42 milliards de prêts non remboursés. Ainsi épaulé financièrement et diplomatiquement par les Etats-Unis, l'Etat colonisateur ne recule devant rien pour assouvir ses appétits expansionnistes, redouble de violence contre le peuple palestinien et de provocations à l'égard des pays voisins. Tel était le fruit de la crise qui a secoué Washington et Israël pour le retrait du Sinaï. Quels prix payeront les Palestiniens pour cette nouvelle tension ? Attention à la réconciliation. S. A.