Des aliments aux pièces détachées pour avion, en passant par les produits de beauté, l'habillement, l'équipement informatique, les produits de luxe et les jouets, tout est source de bénéfices pour la contrefaçon et le piratage qui battent leur plein dans tous les secteurs et partout. Même les médicaments n'y ont pas échappé. L'Union européenne vient d'en faire l'amer constat. Pis, ce sont les produits contrefaits, potentiellement dangereux pour la santé des consommateurs, qui affichent les taux de progression les plus spectaculaires dans l'Union européenne, comme le révèle le butin saisi par les douaniers européens l'an dernier. «La contrefaçon continue de menacer dangereusement notre santé, notre sécurité et notre économie», dira le commissaire européen chargé de l'union douanière qui a présenté hier un rapport annuel devant la Commission européenne. Sans surprise, la Chine arrive en tête des pays exportateurs de produits contrefaits, tous secteurs confondus, avec environ 58% des produits saisis en 2007. Mais nombreux sont les objets interceptés dont on a pu établir l'origine. Les contrefacteurs, qui connaissent bien leur affaire et déploient un savoir-faire à faire pâlir les concepteurs du produit contrefait, sont aussi passés maîtres dans l'art de brouiller les pistes rendant ainsi toute traçabilité impossible. La contrefaçon est devenue une véritable industrie parallèle et le phénomène est en pleine expansion. Les produits, si bien contrefaits, sont tout simplement considérés comme un rude concurrent qui conquiert chaque jour un peu plus de terrain et de parts de marché. Les plus grosses boîtes et les plus prestigieux labels sont désormais obligés de compter avec cette concurrence illégale qui, défiant toutes lois, réglementations ou règles commerciales, s'invite sur leur terrain et va jusqu'à en occuper une bonne partie. Mesurant le poids de cette concurrence qui ne se connaît pas de limites ni de frontières, et considérant le bénéfice qu'elles pourraient en tirer en termes de pénétration de marchés, certaines marques n'ont pas hésité à composer avec les contrefacteurs en leur proposant de travailler pour elles. Un grand chocolatier a ainsi préféré fournir le chocolat à mettre dans les pots copiant la marque qui était vendue dans les pays du Sud que de mener une guerre qu'il savait coûteuse et dont l'issue est incertaine. Il s'est ainsi garanti une présence sur un marché où il n'existait pas, tout en assurant une promotion indirecte pour son produit. Mais toutes les marques ne peuvent pas en faire autant. Les gouvernements, par contre, le peuvent. Parallèlement à la lutte contre la contrefaçon dangereuse, qui doit s'internationaliser, les pays devraient travailler à l'intégration des autres industries parallèles dans le tissu industriel et l'économie, faute de quoi elles continueront à croître. Car, il faut retenir que la contrefaçon arrange aussi les petites bourses qui y voient plus une chance de se procurer un produit moins cher qu'une menace. C'est d'ailleurs le premier et le seul argument commercial de la contrefaçon. H. G.