«Gai, gai l'écolier. C'est demain les vacances… Gai, gai l'écolier. Allons nous amuser.» Cette vieille comptine dont les paroles se sont depuis longtemps perdues dans les limbes du temps dit bien la raison d'être des vacances scolaires : la détente et la distraction. Aujourd'hui plus que jamais, les vacances sont importantes. Car, avec les programmes touffus que nos pseudo-pédagogues ont élaborés pour les enfants et l'emploi du temps surchargé, à cause justement de ces programmes, les élèves n'ont droit qu'à un semblant d'éducation sportive et artistique. Et en dehors de l'école, à peine s'ils ont le temps de souffler. Les devoirs des nombreuses matières qu'ils étudient ne laissent pas le moindre espace à la pratique d'un sport ou d'une activité artistique que l'école est censée leur offrir. Aussi ne reste-t-il que les vacances pour essayer de rattraper ce qui peut l'être dans cette déculturation programmée. Mais il faut d'abord avoir les matériaux et les moyens nécessaires pour faire face à cette déculturation galopante.Or, quand les enfants sont en vacances, les parents, dans leur écrasante majorité, sont au boulot et ne peuvent donc élaborer un programme d'activités culturelles pour leurs gosses. Aussi sont-ils obligés d'y parer en constituant des stocks de livres et de DVD, en essayant de mettre à profit leur temps libre pour des sorties distractives avec les enfants. Faudra-t-il encore qu'il y ait où emmener les enfants. «Où aller ? C'est ma hantise du week-end. On a vite fait le tour de la question et la réponse est souvent : nulle part. Il n'y a pas une institution qui se consacre exclusivement à l'animation culturelle pour les enfants. Il y a bien des activités, mais elles sont sporadiques, conjoncturelles et insuffisantes», dira une mère. «Culture et enfance ne riment pas chez nous. A l'exception de quelques institutions qui songent à élaborer des programmes “spécial vacances” dont les enfants ne peuvent pas toujours profiter, pour cause, je travaille et leur mère aussi, il n'y a pas une véritable politique d'éducation artistique. Pour preuve, les arts sont depuis longtemps exclus de l'école et les quelques institutions qui accordent à l'enfant un intérêt et une place dans leurs programmes d'activités sont souvent mal équipées et/ou désargentées», renchérira un père de famille.Mais quand bien même l'Etat consentirait à réformer véritablement l'école algérienne pour en faire une école moderne et déciderait d'encadrer et de soutenir les institutions et les associations culturelles pour qu'elles s'occupent de l'éducation artistique des enfants algériens, il restera un autre écueil : les parents qui, par ignorance, ne sont pas conscients de l'importance de l'éducation artistique et/ou n'ont pas les moyens de prendre en charge les dépenses qu'elle exigerait, à cause d'un pouvoir d'achat en continuelle dégradation. Et là, ce sont deux grands chantiers dont les maîtres d'œuvre ne peuvent être que la volonté politique et la bonne gestion économique. H. G.