Une société ayant pour mission la création de marchés de gros sera bientôt mise en place. L'annonce en a été faite par le ministre du Commerce devant la chambre basse du Parlement. Cette mesure renseigne sur l'incapacité de l'Etat à réguler les marchés. Cette société n'aura de sens que si les pouvoirs publics font obligation aux mandataires et autres acteurs des marchés d' utiliser des factures dans leurs transactions commerciales et de transparence dans l'activité à travers la traçabilité du produit. Mieux, une société de création de marchés de gros n'aura de sens que si l'Etat impose aux acteurs économiques, dans quelque secteur où ils interviennent, de procéder au paiement par chèque bancaire au-delà d'une certaine somme. Cette mesure a été incluse dans la loi de finances 2008 avant d'être abrogée. Les pouvoirs publics ont estimé qu'il n'était pas possible d'imposer ce mode de transaction dans la mesure où les marchés ne sont pas organisés, voire fonctionnent dans l'anarchie la plus totale. Dès lors, les adeptes des «sachets noirs» bourrés d'argent se sont frotté les mains, puisque personne ne peut contrôler leurs transactions et ce, d'autant que beaucoup d'entre eux n'affectionnent pas la bancarisation. Aussi, il ne s'agit pas de promulguer une batterie de textes, législatifs ou exécutifs, pour qu'ils ne soient pas appliqués ou occasionnellement appliqués. En effet, un décret exécutif régissant les marchés de gros de fruits et légumes a été pris en 1993 et publié au Journal officiel. Ce n'est pas pour autant qu'il a mis fin à l'anarchie et à la violation de la règlementation en vigueur, à l'instar des articles 11 et 12 du décret susmentionné faisant obligation aux commerçants d'effectuer leurs transactions (vente ou achat) moyennant facturation, et de détenir des documents comptables, administratifs et commerciaux. Et avec les moyens de contrôle qui sont insuffisants, en plus de l'absence de protection des agents des directions, il va sans dire que la mafia des fruits et légumes continuera de sévir tant que des mesures plus coercitives ne sont pas prises à son encontre. A l'image de la radiation du registre du commerce, de l'interdiction d'exercer ou encore de l'imposition des paiements par chèque sous peine de poursuites judiciaires. Mais aussi le renforcement des DCP en agents de contrôle et leur rétribution en conséquence pour éviter toute tentation, somme toute humaine, en les dotant de tous les moyens nécessaires pour l'accomplissement de leur tâche à travers l'élargissement de leurs prérogatives qui ne doivent pas se limiter à dresser des procès-verbaux. F. A.