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Polémiques autour d'un film sur les tensions interconfessionnelles en Egypte Le long métrage promettait de briser les tabous sur les relations entre chrétiens et musulmans
Hassan et Morkos est le titre d'une comédie, avec un beau scénario, qui promettait de briser les tabous sur les relations entre chrétiens et musulmans en Egypte. Le long métrage réunit deux grandes stars des écrans arabes, le légendaire Omar Sharif, qui interprète El Attar, un cheikh musulman, et la vedette de la comédie égyptienne, Adel Imam, dans le rôle d'un prêtre, Boullos. Dans la première scène de la comédie, des dizaines de dignitaires religieux, chrétiens et musulmans, affluent à une conférence annuelle sur le dialogue interconfessionnel. Pour la première fois sur les écrans égyptiens on peut voir une comédie vêtue de scènes «brillantes», selon Joseph Fahim, responsable des pages culturelles du quotidien Daily News. Le film «laisse de côté les défis politiques, économiques, historiques et sécuritaires auxquels doit faire face l'unité nationale», affirme pour sa part le critique de cinéma Tarek Chenawwi. Car, d'après lui, c'est l'attitude de l'Etat qui a envenimé les relations entre musulmans et chrétiens. «L'Etat lui-même est derrière l'expansion de la corruption dans les appareils sécuritaires qui régissent les dossiers confessionnels, faisant que les tensions se sont transformées en cette crise actuelle», poursuit-il. En juin dernier, les autorités coptes avaient pressé le président égyptien Hosni Moubarak d'assurer la protection des chrétiens d'Egypte, après une violente attaque contre un monastère qui avait fait quatre blessés parmi les chrétiens. Il y a quelques jours, le Président a encore assuré qu'il ne permettrait «à personne de toucher à l'unité entre les musulmans et les coptes». Cependant, malgré les promesses présidentielles et les professions de foi, l'idée d'un gouvernement démissionnaire est persistante en Egypte. Le film s'en fait l'écho, à sa manière, en s'achevant sur une scène de chaos où des centaines de jeunes chrétiens et musulmans se battent à l'arme blanche. Main dans la main, les deux vieux héros marchent résolument au milieu de la foule déchaînée, symbole fatigué d'une époque révolue. Mais, estiment des critiques, le long métrage s'avère frileux, ne va pas au fond des choses et n'effleure même pas les racines des tensions. Le film «échoue à mettre le doigt sur les raisons de cette tension profondément enracinée» et «ne rend pas justice à la gravité de la question», écrit M. Fahim. R. C.