Le court métrage fait son cinéma et occupe les écrans de la salle Frantz-Fanon. La salle Frantz-Fanon a vécu lundi un après-midi pas comme les autres puisque l'Oref organisait la première journée du court métrage. Cette manifestation, très en vogue en Europe, était organisée par l'association «A nous les écrans», qui ambitionne justement de promouvoir le cinéma indépendant en général et le court métrage en particulier. Pour cette première manifestation, l'association «A nous les écrans», qui veut rester à l'affût de l'actualité cinématographique, a eu le privilège d'inviter un cinéaste algérien Lyès Salem venu présenter son film Jean Farès primé dans une douzaine de festivals en Europe et en Afrique. Le réalisateur ne s'est pas contenté de présenter son oeuvre, mais il a surtout insisté pour présenter d'autres courts métrages de réalisateurs français, algériens et d'un cinéaste libanais. Le plus important, affirme Lyès Salem, c'est de voir ce que les autres cinéastes ont fait en matière de création cinématographique et de goûter au plaisir du court métrage. En matière de création, les privilégiés de la salle Frantz-Fanon ont été gâtés par la grande qualité technique et thématique des courts métrages présentés. Le premier film présenté est une petite leçon de savoir-vivre de Pascal Gontier. Un court métrage 35 mm, format cinémascope et en noir et blanc SVP. Le réalisateur français a eu le mérite d'avoir dans son casting le grand acteur Menez, qui interpréta le rôle de monsieur Bob, un tueur à gages à la sauce parisienne. Le film présente la chose avec un langage français de souche et des acteurs raffinés, le tout assaisonné par une touche technique américaine. Le deuxième court métrage présenté, C'est Les Crabes de Stéphane Lavoix et François Vogel. Un film original qui utilise à la fois la technique de l'image par l'image et de l'incrustation par photoshop. Résultat: nous avons eu droit à un film vaudevillesque qui allie à la fois création et originalité. Squash restera le film le plus long de cette série présentée pour ce lundi du court, 28 minutes. Mais le réalisateur de ce petit bijou Lionel Baillu, a su tirer son épingle du jeu. Deux acteurs un terrain de squash, et des problèmes entre hommes. Mabrouk again restera le seul court métrage libanais dans cet univers de films français. Un film signé Hany Tamba et qui pose une problématique très significative d'un couple qui n'a pas pu faire de photos de mariage en temps de guerre et qui tente de faire un cliché après plusieurs années de couple en temps de paix. Un film très feutré et parfumé par une ode de paix et de couleur. Pour les amateurs du court et de la comédie noire, le public a eu droit à une merveille, Balibalo, réalisé par «le dictateur de l'image», Marc Andréoni. Le film qui dépeint en noir, l'histoire d'un repris de justice qui se retrouve avec ses amis déjantés dans une situation rocambolesque où après avoir tué accidentellement un petit scout s'en vont éliminer la meute qui le suit. Pas de trace pas de témoin la devise d'un court métrage noir aux conséquences rouges. Dans le chapitre des courts métrages algériens, trois chefs-d'oeuvre ont été présentés Oral de Fodil Chabbi, Clan destin de Hamid Krim et enfin Jean Farès de Lyes Salem. Même si le film de Fodil Chabbi Oral ne décrit pas un paysage ou la culture algérienne, il parle, en revanche, avec succès, du problème épineux de la peine de mort dans un contexte original: la querelle conjugale. Le réalisateur a voulu pour cela, utiliser plusieurs langues pour que le message passe. Et sur ce plan le jeune cinéaste considéré comme un espoir du 7e Art algérien a eu gain de cause. Pour sa part, Hamid Krim, le film Clandestin est une occasion inespérée pour parler de l'Algérie, même étant en France. Il n'hésite pas à nous présenter Marseille comme Oran et transposer l'histoire de quatre Oranais candidats à l'exil. Le film n'hésite pas à aller jusqu'au bout de la réalité quotidienne en diffusant le langage et l'image qui s'imposent. Hamid Krim va jusqu'au bout des choses au risque de provoquer l'offuscation des spectateurs algériens peu préparés à la réalité des choses. Enfin, le dernier film présenté à cette grande journée du court métrage est celui de l'invité principal Lyès Salem, qui a tenté et réussi de parler, en l'espace de 10 minutes, du problème épineux de l'identité à travers Jean Farès. Un Algérien qui vient d'avoir un enfant et qui hésite entre un prénom français et chrétien et un nom algérien et musulman, la réponse vous l'obtiendrez en assistant à la deuxième journée du court aujourd'hui à 15 heures à la salle Frantz-Fanon à l'Oref avec d'autres courts métrages aussi beaux qu'étonnants.