«Les banques ne sont autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers en Algérie.» C'est la loi de Finances complémentaire 2009 qui le stipule. Le crédit à la consommation et le crédit automobile accordés aux particuliers font partie du passé. En attendant un autre virage dans la décision politique. Celle de juillet 2009 a été un frein au nouveau modèle de gestion des ménages. Dans l'objectif de diminuer le taux d'endettement des Algériens, le ministère des Finances a ainsi opté pour l'interdiction dictée aux banques d'accorder du crédit consommation. Pour les dirigeants, la suppression du crédit à la consommation a été justifiée par le souci d'éviter «l'endettement des ménages». Pour un observateur de la scène nationale, «l'explication par l'endettement des ménages laisse dubitatif, la volonté de favoriser l'emprunt immobilier passe mieux et attend une traduction concrète. Orienter le crédit vers l'acquisition de logements est d'autant plus accepté que beaucoup de ceux qui ont pris un ‘‘crédit-auto'' l'ont fait par dépit de ne pas pouvoir accéder à un crédit-logement». Fin donc de la parenthèse du crédit consommation qui a permis à beaucoup d'Algériens d'acquérir quelques biens qu'ils n'auraient jamais pu avoir sans un tel procédé. Il faut néanmoins être aveugle pour ne pas saisir que le taux d'endettement des ménages devenait alarmant plus chez les citoyens aux revenus modestes. Ceux qui figuraient dans une certaine époque dans la «middle class» ne peuvent pas manifestement échapper à l'endettement. Dans la quête d'améliorer leurs conditions de vie, l'écrasante majorité des Algériens est obligée de vivre dans l'angoisse de l'endettement. Les Algériens ne sont pas en mesure de faire des économies qui leur permettraient d'acheter une voiture ou un logement sans passer par le crédit bancaire. Il se trouve que des citoyens, dont des célibataires, n'ont pas hésité à solliciter un crédit automobile même en tant que locataire d'un logement dans la capitale. «Je l'ai fait parce que je n'ai pas d'autre choix. Je suis convaincu que l'opération pour obtenir un crédit-logement ne va jamais me sourire compte tenu de la bureaucratie régnant dans notre pays. C'est à partir de là que j'ai décidé d'opter pour le crédit-auto. J'aurai ainsi gagné quelque chose. Pour le logement, aucune formule n'offre de chances à ma candidature. Mon cas est exclu du social et ne peut pas évoluer dans le promotionnel», témoigne Samir, célibataire, qui touche un salaire de 40 000 dinars dans une entreprise privée. Un tel cas est révélateur du désarroi dans lequel se trouve l'Algérien tenu de faire face à la cherté de la vie et ses conséquences directes. Celles-ci lui imposent visiblement de se contenter du minimum de conditions de vie. Il est ainsi difficile à la majorité des Algériens d'avoir un logement. Le crédit à la consommation l'a permis pendant une courte période avant que la donne change. Idem pour celui qui rêve d'acheter un véhicule -la chose se présente aujourd'hui comme une nécessité si l'on s'en tient à la faillite de notre système de transport- et qui est tenu de s'appuyer sur des aides familiales. Sinon, il restera éternellement locataire d'un appartement exigu et sans jamais découvrir la très attendue autoroute Est-Ouest à bord de son propre véhicule. La faiblesse du pouvoir d'achat ne peut jamais être contournée par le crédit à la consommation. La suppression de ce dernier ne résout pas le mal… A. Y.