Photo : S. Zoheïr Par Fella Bouredji Les propos menaçants de Saïd Berkat, les mesures répressives et le gel de la grève n'ont pas atténué l'esprit revendicatif des médecins du mouvement de contestation de l'intersyndicale des praticiens de la santé publique. Près d'une semaine après le gel de la grève qui a duré plus de quatre mois, les blouses blanches ont observé un sit-in à l'hôpital Mustapha Pacha, pour exprimer leur volonté de poursuivre leurs contestations. Brassards noirs autour du bras, en signe de deuil de la fonction publique, ont-ils précisé, ils étaient des centaines à faire preuve de ténacité dans leurs revendications maintes fois répétées (statut particulier, régime indemnitaire, logements). «Les pouvoirs publics dépensent des millions en matière d'infrastructures et d'équipements mais refusent de prendre en compte le volet le plus important, les ressources humaines. Le gouvernement veut nous discréditer, notamment avec la question de l'activité complémentaire qui ne concerne qu'une minorité de praticiens que le ministre laisse faire… D'ailleurs, on le défie de mettre de l'ordre dans ce domaine», dira sur un ton ferme le Dr Yousfi, président du SNPSP. Et d'ajouter : «Les praticiens grévistes ont subi des retenues sur salaire et ont reçu des mises en demeure qui leur ont été adressées à leurs services hospitaliers alors que la loi stipule que les mises en demeure doivent être envoyées au domicile avec accusé de réception. Tout cela dénote une volonté de mettre sous pression les médecins qui prennent part au mouvement de contestation et ce, en bafouant toutes les lois de la République.» Ce sit-in est justement l'occasion, selon plusieurs médecins qui se sont exprimés avec beaucoup de vigueur sur la situation de la pratique médicale en Algérie, de mettre le doigt sur «la gestion catastrophique du secteur». Ainsi, pour bien exprimer la détermination du mouvement à aller jusqu'au bout de leur combat, le Dr Yousfi usera d'un ton intransigeant même si empreint de sérénité : «On est plus respectueux de la loi que le gouvernement. Nous ne leur laisserons pas cette Algérie qu'ils ont divisée en deux. D'une part, l'Algérie de Club des Pins et, de l'autre, le peuple livré à lui-même. Nous devons nous battre pour nos droits. Nous sommes justement là pour qu'il sache que le gel de la grève est synonyme de résignation. Nous nous réunirons au cours de la semaine pour décider de la marche à suivre pour l'obtention de nos revendications et toutes les possibilités sont ouvertes, même la reprise d'une grève avec les syndicats de l'éducation nationale n'est pas à écarter.»