Photo : Riad Par Amirouche Yazid La dernière sortie du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Saïd Barkat, qualifiant d'illégale la grève des praticiens de la santé publique, n'a pas laissé insensibles les organisations syndicales activant dans le secteur. Face à «l'illégalité» de la grève, l'intersyndicale de la santé publique évoque «l'incohérence et l'ambivalence» qui caractérisent le traitement qui lui a réservé par les pouvoirs publics. C'est ce qui ressort du point de presse tenu hier à Alger par les représentants du SNPSP et du SNPSSP. Etonné du changement de ton de la part du ministre –qui passe de la conciliation à la virulence- M. Yousfi s'interroge sur les «incohérences des pouvoirs publics». Reçue par les services de la présidence de la République mercredi dernier, l'intersyndicale de la santé ne s'attendait guère à de tels tirs à «boulets rouges de la part du ministre de la Santé qui rejoint l'attitude de son Premier ministre, menaçant en usant de contrevérités». L'étonnement des animateurs des organisations syndicales de la santé publique se justifie, aux yeux de MM. Yousfi et Merabet, par la chronologie des faits. «Nous sommes en grève depuis plusieurs mois. On nous invite à des négociations pour trouver des solutions aux revendications socioprofessionnelles formulées et, au bout du feuilleton, on déclare la grève illégale», s'indigne M. Yousfi, qui qualifie d'«inadmissibles et de blessantes» les déclarations de Barkat. M. Merabet explique le changement de ton de la tutelle par «une volonté de préparer l'opinion publique au lynchage des praticiens». Le même intervenant est revenu également sur les propos du ministre qui avait évoqué une non-assistance à personnes en danger. Il dira à ce sujet que «l'intersyndicale a déposé un préavis de grève selon la loi 90/02». Ainsi, selon lui, les praticiens de la santé n'ont jamais abandonné le service minimum tel qu'exigé par la réglementation. Abordant la question de l'activité complémentaire qu'exercerait une partie des médecins, les conférenciers se sont montrés outrés par les accusations des officiels les traitant d'«hypocrites» dans le sens où ils courent après les établissements privés de la santé. Pour les deux syndicalistes, l'accusation des dirigeants est infondée. La preuve ? «Les trois quarts des praticiens de la santé publique ne sont pas concernés par l'activité complémentaire», répond M. Merabet, qui souligne : «L'activité complémentaire est gérée par une réglementation pour le respect de laquelle le ministère ne fait rien». M. Yousfi note, de son côté, que «20 000 praticiens n'ont pas droit à l'activité complémentaire». Et d'ajouter : «Le minimum que doit faire le ministère à ce niveau est de geler l'activité complémentaire puisque des chefs de service activent dans des cliniques privées en toute impunité».