«C'est Israël qui est la principale menace pour la paix régionale.» Cette déclaration, pleine de bon sens, émane du Premier ministre turc Tayyip Erdogan lors d'une visite à Paris. Erdogan dit des vérités qui ne sont pas bonnes à dire en Occident. «Si un pays fait usage d'une force disproportionnée, en Palestine, à Ghaza, utilise des bombes au phosphore, nous n'allons pas dire ‘bravo'. Nous lui demandons comment il peut agir de la sorte», affirmera-t-il à l'adresse de ses hôtes du jour. «Il y a eu une attaque qui a fait 1 500 morts (à Ghaza) et les motifs invoqués sont des mensonges», clamera-t-il. «Goldstone est juif et son rapport est clair», a-t-il poursuivi, en référence au rapport demandé par l'ONU au juge sud-africain Richard Goldstone, qui impute à Israël le fait d'avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité à Ghaza. Erdogan se défend de faire dans le sectarisme. «Notre approche est humanitaire», dira le Premier ministre turc. Erdogan a également évoqué les capacités militaires d'Israël dans le domaine nucléaire, secret de polichinelle, mais que l'Etat juif n'a jamais formellement reconnues. Erdogan estime que la non-adhésion d'Israël au Traité de non-prolifération (TNP) nucléaire ne devait pas l'exempter de rendre des comptes à la communauté internationale. «Ne pas faire partie du TNP permettrait de faire tous les jours ce qu'on veut», a-t-il déclaré. Le dirigeant turc a également réitéré son hostilité à l'adoption de nouvelles sanctions contre l'Iran sur la base de simples soupçons. «Il n'est pas question de mettre un pays en accusation sur des probabilités», dira-t-il. La Turquie demeure pourtant traditionnellement le principal allié d'Israël dans le monde musulman. Mais les relations entre Ankara et Tel-Aviv se sont détériorées depuis l'agression israélienne contre Ghaza fin 2008 et début 2009 et le massacre de civils palestiniens. Derniere controverse en date, les déclarations de l'extrémiste chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, comparant Erdogan à des dirigeants controversés en Occident, à l'image du Libyen Mouammar Kadhafi et du Vénézuélien Hugo Chavez. Ankara condamne fermement. M. B.