De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Les aspects intellectuels et politiques chez le colonel Lotfi, héros de la guerre de libération nationale, à travers ses écrits personnels, ont été débattus jeudi dernier lors d'une rencontre nationale au niveau de l'université de Tlemcen. Selon les organisateurs, ces écrits seront publiés dans un livre intitulé Approche de développement économique futur en Algérie. Lors de cette rencontre, organisée par l'université de Tlemcen en collaboration avec le Centre national des études et de recherche dans l'histoire du mouvement national et de la Révolution du 1er Novembre 1954, le président de l'Association des Malgaches et non moins ministre délégué des collectivités locales, M. Dahou Ould Kablia, n'a pas manqué d'évoquer l'héroïsme et le combat du colonel Lotfi tout en évoquant son intellectualisme politique. M. Ould Kablia a parlé des écrits de ce martyr, 300 pages restées entre de bonnes mains et qui constituent une banque de données historiques que, finalement, le ministère des Moudjahidine a décidé de publier. Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part de nombreuse personnalités historiques et des moudjahidine, le président du conseil scientifique du Centre national d'études et recherches dans le mouvement national et la révolution de Novembre, Boualem Belkacemi, a précisé que cet ouvrage constitue une étude analytique et scientifique des fondements politiques de la pensée du colonel Lotfi, ce qui permettra à l'ensemble des chercheurs de l'histoire de l'Algérie d'avoir un autre jalon sur la guerre de libération. D'ailleurs, le moudjahid Abdelghani El Ougbi, chef de la zone 8 de la wilaya V, n'a pas manqué de relater comment il a réussi à collecter toutes les feuilles écrites par le colonel Lotfi. Pour sa part, la fille du colonel Lotfi a abordé une conférence portant sur la vision du chahid. Organisée dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire de la mort du colonel Lotfi et du commandant Ferradj, plusieurs conférences ont été données afin que nul n'oublie ces deux héros de la guerre d'indépendance. Le colonel Lotfi, de son vrai nom Benali Boudghène, est né le 5 mai 1934 à Tlemcen. Il effectua ses études primaires dans cette ville et obtint le certificat d'études primaires en 1948. Il se rendit au Maroc pour poursuivre ses études secondaires à Oujda mais revint au bout d'une année à Tlemcen pour intégrer l'école franco-musulmane. C'est dans cette école que commença sa conscience politique. Il s'engagea dans les rangs de l'ALN en octobre 1955 dans la Zone V et occupa le poste de secrétaire particulier du martyr Si Jaber. Son épouse finira par le rejoindre au même poste. Il fut ensuite chargé de diriger la section de Tlemcen et Sebdou et mit en place les cellules secrètes du FLN. Il adopta le surnom révolutionnaire de Si Brahim et parvint, grâce à son intelligence et à son sens de l'organisation, à structurer l'activité des fidaïs (commandos) dans la wilaya V suite à laquelle le début de l'année 1956 fut marqué par l'intensification de ce type d'opérations contre les objectifs français. Avec la découverte du pétrole dans le Sud de l'Algérie en 1956 et le regain d'intérêt de la France pour le Sahara, Si Brahim se porta volontaire durant l'été 1956 pour diriger des opérations militaires dans le Sud et mena plusieurs batailles décisives qui se soldèrent par de lourdes pertes dans les rangs de l'ennemi. En janvier 1957, il fut désigné comme chef de la Zone 8 de la wilaya V avec grade de capitaine puis celui de commandant de la zone d'Aflou sous le nom de Lotfi. Il devint également membre du conseil de direction de la wilaya V. En mai 1958, Lotfi fut promu au grade de colonel et désigné à la tête de la wilaya V. Cette période fut marquée par une intensification de la répression de l'armée française surtout après l'arrivée de Charles de Gaulle et l'édification des lignes électrifiées Challe et Morice aux frontières Est et Ouest. Ceci amena le colonel Lotfi à déployer davantage d'efforts aux plans militaire et organisationnel qui ont induit une limitation de l'effort de guerre français. Il accompagna Ferhat Abbas lors d'une visite que ce dernier effectua en Yougoslavie, en quête d'un appui militaire à la révolution algérienne. A la fin des travaux du Conseil national de la révolution algérienne, organisés à Tripoli au début de l'année 1960, il choisit de revenir avec une troupe réduite afin de ne pas attirer l'attention de l'ennemi qui avait encerclé la Wilaya V. Mais le destin a voulu qu'il tombe au champ d'honneur lors d'une bataille inégale au cours de laquelle les forces colonialistes employèrent l'aviation et l'artillerie lourde. C'était le 27 mars 1960 à Djebel Béchar.