Les bandes organisées se multiplient dans les grandes villes et se disputent le contrôle des quartiers comme espace de prédation où elles imposent leur diktat aux citoyens paisibles en l'absence d'une puissance publique efficace capable de les mettre hors d'état de nuire. Ce phénomène prend de plus en plus de l'ampleur et menace la sécurité et la tranquillité légitime des citoyens. Des cas d'attaques de ces bandes sont signalés dans différentes agglomérations à forte concentration. Ces groupes sont constitués de jeunes adolescents dirigés par d'anciens bagnards qui n'ont plus rien à perdre, dans le but d'attaquer des gens sans défense pour leur subtiliser des effets de valeur, distribuer et vendre de la drogue, braquer des automobilistes y compris sur les grands axes routiers et parfois entrer dans de vraies guerres de gangs. L'insécurité s'est donc installée dans certains quartiers de grandes villes menaçant ainsi la quiétude des citoyens et des commerçants. Plusieurs paramètres objectifs ont favorisé la recrudescence de la violence urbaine. En premier lieu, le sentiment d'exclusion et de marginalisation que ressentent des familles et des jeunes pousse ces derniers à s'imposer à leur manière et à arracher par la violence les moyens de leur subsistance. En second lieu, la démission de la famille, de l'école et le recul de la solidarité active de la société transforme la rue en un espace d'expression des personnalités asociales, agressives et amorales. En troisième lieu, la période du terrorisme a développé des comportements violents qui n'ont jamais été pris en charge par les institutions publiques habilitées, ce qui a complètement chamboulé le système des valeurs. En quatrième lieu, la prédation économique et le gain facile qui a caractérisé un grand nombre de responsables locaux et nationaux a encouragé des jeunes sans perspectives à recourir à la violence comme unique moyen de s'offrir ce auquel ils ne peuvent accéder légalement. En cinquième lieu, les déperditions scolaires jettent les adolescents à la rue, compliquant ainsi les problèmes sociaux des familles, alors qu'aucune prise en charge de ces dizaines de milliers de jeunes n'est à l'ordre du jour, d'autant que les activités sportives, culturelles et ludiques de masse sont inexistantes dans la majorité des villes et des quartiers.Enfin, certaines autorités semblent s'accommoder de cette violence non revendicative, et sans objectif politique, contrairement aux émeutes motivées par des revendications sociales. Cet état de fait est exacerbé par la profusion d'espaces de non droit où la puissance publique est inexistante. Si le malaise social peut expliquer ce recours systématique à la violence, y compris dans les stades, rien ne justifie l'absence de l'Etat et de ses structures chargées de l'ordre et de la sécurité des citoyens. A. G.