Devant le manque de parkings à Alger, les rues de nos cités rurbanisées demeurent cet espace tout désigné où de petits nababs, transformés en voituriers, s'arrogent le droit de l'exploiter à leur guise. Un secret de Polichinelle, me diriez-vous ! On a beau seriner cette pratique de l'espace public conquis par l'informel, mais aucune mesure n'est venue mettre un terme à cette anarchie, qui plus est, prend des allures menaçantes. Dans certains quartiers populeux de la ville, des bandes de jeunes se disputent des pans de rues dont ils font leur chasse gardée. Gare à celui qui s'aventure à stationner son carrosse sans s'acquitter du « dû », car il se voit très vite rappelé à l'ordre. La batte du « mekass »— bombant le torse — est brandie comme l'épée de Damoclès pour, le cas échéant, persuader le « réfractaire » de « cracher » le sou après avoir stationné ou la dame qui, évitant un éventuel esclandre, préfère payer rubis sur l'ongle, consolant son esprit que la redevance est davantage un geste de charité qu'elle offre qu'un acte digne de récompense pour les sangsues. Dans le cas contraire, l'usager aura droit à une surprise : il verra sa mécanique « bousillée », et dans le meilleur des cas, la serrure défoncée ou les pneus crevés. Ce « job » qui semble rapporter gros fait des émules au sein de jeunes chômeurs enclins à la flemmardise et au gain facile. Le prix du stationnement grimpe au gré de l'humeur du voiturier. A la tronche du client, aussi qui doit choisir entre le sabot du policier et le joug du voiturier. On a eu vent, pourtant, des directives du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales qui, il y a six mois, avait pondu une directive en direction des APC, destinée à inciter « les jeunes à s'organiser en coopérative pour mieux gérer les aires de stationnement » et du coup faire renflouer la gibecière de la mairie. Mais le diktat des parasites continue de plus belle et pas de postulants désireux de souscrire à ce projet de concession de parkings. Au moins, l'automobiliste saura à qui il a affaire et se verra verser la thune dans un cadre réglementé et réglementaire. Mais nous sommes devant cette apathie qu'affiche la puissance publique qui ne nous fait pas moins convoquer la citation du cardinal de Richelieu : « Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre. » Nous ne conclurons pas sans nous interroger sur le sort de l'opération pilote des parcmètres annoncée, il y a quelques années, par la wilaya.