Le président polonais Lech Kaczynski a trouvé la mort hier dans un accident d'avion dans l'Ouest de la Russie où il devait se rendre pour une visite officielle L'avion aurait heurté un arbre au moment de l'atterrissage à l'aéroport de Smolensk. La tragédie, qui a coûté la vie aux 130 passagers du Tupolev présidentiel, constitue un véritable drame pour la Pologne. L'épouse du Président et plusieurs hauts responsables polonais, dont le chef de l'armée et le gouverneur de la Banque centrale, se trouvaient également à bord de l'avion, ainsi qu'un candidat à la prochaine élection présidentielle polonaise. Le président Kaczynski se rendait sur les lieux du massacre de Katyn, près de Smolensk, pour un hommage aux milliers d'officiers polonais tués sur ordre de Staline pendant la Seconde Guerre mondiale. La commémoration du massacre de Katyn, une des dates les plus sombres de la mémoire collective polonaise, devait avoir un caractère particulier cette année, après la décision du Premier ministre russe Vladimir Poutine de participer pour la première fois aux côtés des Polonais aux cérémonies commémoratives. Poutine se trouvait en compagnie du Premier ministre polonais Donald Tusk sur le site de Katyn, là où se rendait justement Lech Kaczynski. Ce dernier était le premier président polonais invité par la Russie à participer aux cérémonies. La mort de Lech Kaczynski devrait compliquer les velléités de rapprochement, sans précédent depuis deux décennies, entre la Russie et la Pologne. Depuis que Varsovie a quitté l'orbite du camp soviétique pour adhérer à l'OTAN et rejoindre l'Union européenne, un froid est de mise entre les deux pays. Le président russe Dimitri Medvedev, conscient de la nécessité d'une transparence absolue sur ce drame en raison du poids de l'histoire, a ordonné une enquête sur les circonstances de clui-ci. La responsabilité de la catastrophe est cependant imputée aux conditions météorologiques difficiles et à une erreur de pilotage. Décapitée, la Pologne est sous le choc. La tête de l'Etat et l'armée sont décimées dans ce crash. Une semaine de deuil a été décrétée. Le président de la Diète (la chambre basse du Parlement polonais) Bronislaw Komorowski, assurera les fonctions de chef de l'Etat conformément à la Constitution du pays. Lech Kaczynski était un personnage controversé en Pologne. Après avoir dirigé le pays en tandem avec son frère jumeau Jaroslaw, qui fut Premier ministre en 2006 et 2007, il perd les élections législatives au profit de l'actuel chef du gouvernement Donald Tusk. Ce dernier, pro-occidental convaincu, se retrouve étrangement seul à la tête du gouvernement. L'élection présidentielle prévue en octobre prochain devrait être avancée en raison de la tragédie. La catastrophe a suscité une vive émotion et une cascade de réactions à travers le monde. L'Union européenne, par la voix de sa présidence tournante assurée par l'Espagne, a exprimé sa «solidarité avec la population et la nation polonaises». La chancelière allemande Angela Merkel s'est déclarée «profondément consternée», tandis que le Premier Ministre britannique Gordon Brown s'est dit «choqué et affligé» par la mort du président Kaczynski et de son épouse. Les Etats-Unis déplorent une «terrible tragédie». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «choqué» par le décès du président polonais Lech Kaczynski. M. B.