Le metteur en scène de cinéma et de théâtre allemand Werner Schroeter, à qui l'on doit la Mort de Maria Malibran ou Nuit de chien, est décédé mardi dernier d'un cancer dans une clinique de Kassel (ouest de l'Allemagne), a annoncé le Schwules Museum de Berlin. Toujours coiffé d'un chapeau noir en public, le metteur en scène au visage émacié fait partie des grands réalisateurs du Nouveau Cinéma allemand, à l'instar de Rainer Werner Fassbinder, Werner Herzog ou Wim Wenders. L'avant-dernière de ses multiples récompenses remonte à février quand il avait obtenu au Festival du film de Berlin, la Berlinale, le Teddy Award, un trophée qui récompense des films évoquant l'homosexualité au cinéma. Depuis mars, sa mise en scène de Quai Ouest du Français Bernard-Marie Koltès est à l'affiche au théâtre de la Volksbühne Berlin. Ce maître du mélo laisse derrière lui plus de 80 mises en scène de théâtre et d'opéra, souvent controversées, et une trentaine de films dont Nuit de chien (présenté en compétition à la Mostra de Venise en 2008), Malina (1990) avec l'actrice française Isabelle Huppert, la Mort de Maria Malibran (1971, qui retrace les derniers jours de la cantatrice), Palermo (Ours d'or de la Berlinale en 1980). En 1969, il avait obtenu le prix allemand Josef-von-Sternberg pour son premier long-métrage Eika Katappa, qu'il avait présenté au Festival de Cannes en 1970. Werner Schroeter, après avoir rencontré en 1973 à Paris la cantatrice Maria Callas qu'il considérait comme «une messagère entre Dieu et l'Homme» qui lui avait «tout appris», a réalisé diverses mises en scène d'opéras. Ce fils d'ingénieur, né le 7 avril 1945 à Georgenthal en Thuringe (centre de l'Allemagne), avait interrompu rapidement ses études de psychologie pour se vouer entièrement à la mise en scène.