De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les personnes en quête d'un logement attendent avec impatience l'entrée en vigueur du crédit immobilier à taux bonifié. «C'est un don du ciel que de voir le crédit bonifié à 1% et le reliquat pris en charge par le Trésor public. A condition que l'Etat clarifie et étale les itinéraires pour l'octroi de ces crédits», diront des citoyens.Les textes devant régir le nouveau crédit immobilier bonifié à un taux alléchant de 1% n'ont pas encore atterri sur les bureaux des banques nationales et étrangères. C'est ce qui nous a été confirmé jeudi dernier par quelques sources bancaires. Ainsi, la BNA, la CNEP, la BEA… attendent toujours les directives pour établir une première évaluation et actionner l'octroi de ces crédits en faveur des souscripteurs intéressés et dont les critères de sélection sont établis.Pour l'heure, c'est le décret d'application publié au Journal officiel qui alimente les débats au sein de la population intéressée par cette nouvelle mesure qu'on considère comme un autre moyen d'éradiquer la problématique éternelle du logement. Demeurant sans aucun éclaircissement, les citoyens espèrent que cette nouveauté parviendra à satisfaire sans grande bureaucratie leur sollicitation contrairement à ce qui s'est jusque-là fait pour l'élaboration et le traitement d'un dossier qui traîne en raison de ces lenteurs administratives ou autres considérations liées aux réticences des banques. «C'est la cerise sur le gâteau ce taux d'intérêt bonifié. Même si l'Etat devrait revoir la fourchette liée à l'apport initial du signataire. Mais, déjà, avec ce taux dérisoire de 1%, on pense que c'est un acquis important pour la couche moyenne, notamment ceux dont les émoluments dépassent les 30 000 DA/mois», dira un fonctionnaire qui croise les doigts pour avoir enfin son logement.Toutefois, les lectures et les interprétations diffèrent. On relève aussi une certaine réticence ou plutôt un pessimisme chez des citoyens échaudés par les expériences vécues antérieurement qui ne s'étaient pas matérialisées au niveau des banques. «Cette mesure devrait réussir notamment avec un concours rigoureux de l'Etat qui devra clarifier la procédure avant de la soumettre aux opérateurs», estime un citoyen. «Avec un taux différentiel d'intérêt de près de 5% pris en charge par les caisses du Trésor public, cela ne peut être que bénéfique pour les citoyens. L'Etat est appelé par cette mesure à dépenser un argent fou… si l'on ajoute les crédits débloqués aux couches défavorisées émanant de la Caisse nationale de logement [CNL]», cela gonflera la facture, analyse un économiste constantinois. «Mais, à mon avis, le prix de l'immobilier augmenterait vertigineusement. Et ce sera là une réaction. Quand les bailleurs de fonds puisent dans le Trésor public, les opérateurs ou les acteurs des transactions voudraient assurément en tirer profit…» poursuit-il.Quoi qu'il en soit, par cette nouvelle mesure, la capitale de l'Est, à l'instar des autres wilayas touchées par cette sempiternelle crise de logement, espère réduire l'écart entre offre et demande sur le logement. Constantine devra selon toute vraisemblance contenir davantage la crise du logement et par là même éliminer les bidonvilles qui, depuis l'indépendance, enlaidissent la ville et ses alentours et dont l'éradication a pris des retards énormes. Sinon comment expliquer l'existence au niveau des daïras de demandes qui remontent aux années 1990 et même 1980… Sur un autre chapitre, l'immobilier à crédit bonifié dispose d'un autre avantage d'après d'autres citoyens. Il devrait booster les ventes de particulier à particulier. «Dans ce dernier cas de figure, il vous suffit d'avoir une promesse de vente et que le logement jouisse d'un titre de propriété afin de conclure l'action toujours en sollicitant le crédit à taux bonifié», explique un cadre. En somme, le 1% d'intérêt est quasi symbolique pour les revenus assez moyens. Les banques vont jouer au simple prestataire en prenant une légère commission car tout le fardeau sera résorbé par le Trésor public. «Mais, en face, il y a aussi cette forte dégradation du pouvoir d'achat. Ce qui laisse supposer que le taux bonifié ne profitera pas à tous», ajoute note interlocuteur.Dans un passé récent, l'expérience de la formule AADL a montré quelques imperfections en mettant les souscripteurs dans des positions gênantes dès lors que les majorations des résidences sont passées d'un prix initial acceptable dans sa forme à un autre plus lourd. Les rallonges financières exigées des souscripteurs étaient justifiées par les hausses des prix des matériaux de construction. Cette appréhension est évoquée dans le milieu constantinois. C'est pourquoi les autorités publiques sont appelées à procéder à une sélection stricte des promoteurs qui seraient chargés des chantiers de réalisation de logement à taux bonifié. «Quitte à faire un tri sur les potentialités connues à l'échelle locale ou nationale en vue de leur céder des projets», estime un citoyen. «Les paramètres temps et coûts devraient être déterminés avec exactitude», insiste-t-on. En somme, tout le monde se félicite de l'avènement de ce crédit immobilier à taux bonifié, tout en espérant que les mesures d'accompagnement iront de concert…