Les Algériens aiment le suspense, les réactions dans la précipitation et les décisions impératives de dernière minute. Respecter les échéances est devenu quasiment un leitmotiv qui prime sur des notions comme l'efficacité, le respect des normes et l'adaptabilité. Il ne s'agit pas ici, comme pourraient le comprendre certains, du passeport biométrique –cela est une autre paire de manches-, mais de la conformation aux directives de la Fédération internationale de football (FIFA) pour constituer une ligue professionnelle de football. Le 29 octobre 2007, le comité exécutif de la FIFA a adopté un nouveau règlement pour la procédure d'octroi de licence de club, qui est entré en vigueur le 1er janvier 2008. Toutes les fédérations désirant participer aux tournois organisés par l'instance internationale de football devront s'y conformer avant le début de la saison prochaine (2010-2011). Le document de 50 pages, paraphé par le président de la FIFA, Joseph S. Blatter, et le secrétaire général de la même instance, Jérôme Valcke, s'apparente à un véritable cahier des charges imposant des minima pour être «labellisé» club de football professionnel. Essentiellement, les objectifs avoués sont la crédibilité et l'intégrité des compétitions, le professionnalisme et la transparence dans la gestion. Ainsi, des conditions minimales sont imposées dans cinq domaines : sportif, infrastructurel, administratif et celui lié au personnel juridique et financier. La Fédération algérienne de football est donc tenue de s'y conformer si elle aspire à voir ses associations sportives participer à des tournois internationaux. Son président avait déclaré l'année dernière : «A terme, il faut mettre en place une ligue de football professionnel même si cela doit se faire avec dix clubs seulement.» C'est tranché. Un championnat à dix clubs ? Encore faut-il trouver dix associations sportives qui répondent aux minima imposés par la FIFA. Quand on sait que le plus vieux club d'Algérie, celui qui peut se targuer d'avoir le plus grand nombre de supporters, le Mouloudia d'Alger en l'occurrence, n'a pas de stade !M. Raouraoua étant catégorique, il reste maintenant à savoir, non pas si les échéances seront respectées, mais de quelle manière elles le seront. Un stade homologué FIFA, disposant d'un éclairage conforme, d'espaces réservés aux spectateurs suivant des critères stricts, de sanitaires suffisants et «irréprochables», d'espaces médias dignes de ce nom… ne se construit pas en un an. Les règles de gestion sont tout aussi draconiennes et lentes à mettre en place. A l'heure où une levée de boucliers est opérée à chaque nouvelle décision émanant de l'instance sportive nationale, comme pour l'annulation de la prime de signature des joueurs, il serait intéressant de connaître dans le détail le dossier que doit soumettre la FAF à la FIFA. S. A.