La loi de finances complémentaire court le danger de se voir vider de son contenu. C'est ce qu'a laissé entendre Louisa Hanoune, lors de son intervention hier à l'issue du conseil national du PT qui s'est tenu pendant quatre jours à la Mutuelle générale des travailleurs des matériaux de construction. «Il y a des ministres qui résistent et continuent à soutenir la loi de finances complémentaire et d'autres qui s'expriment contre.» Ce qu'elle a qualifié de dualisme au sein du gouvernement et même des partis politiques. Il y a une cohabitation dans le gouvernement et dans l'Alliance présidentielle dont les positions sont contradictoires. Une contradiction constatée entre la loi 01-04 relative à la privatisation et la loi de finances complémentaire. Elle a d'ailleurs demandé l'abrogation de la première et appelé à la dissolution du CPE (Conseil des participations de l'Etat). Elle a fustigé Abdelhamid Temmar qui, selon elle, continue de prendre des décisions unilatérales. Elle citera, entre autre, sa décision d'ouvrir un bureau pour les hommes d'affaires britanniques au sein du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. «Cela veut dire qu'ils auront droit de regard sur les secrets et, par ricochet, pratiquer le délit d'initié», lancera-t-elle. Elle fera d'ailleurs le lien entre le déplacement de M. Temmar et le chantage exercé par les Britanniques, notamment en ce qui concerne l'ajournement de la décision d'extradition de Abdelmoumene Khalifa. Elle contredira le ministre de l'Industrie qui a demandé aux Anglais de doter l'Algérie de leur savoir-faire et de leur technologie. «Il n'y aura pas de transfert de technologie parce qu'ils ne voudront pas que l'on se libère de leur dépendance. C'est pourquoi, il faut que l'Algérie achète elle-même cette technologie. Nous avons de l'argent et c'est la meilleure manière d'être indépendants», affirme-t-elle. Mme Hanoune a indiqué que son parti soutient la révision de la loi sur l'orientation agricole non sans dénoncer ce qu'elle a appelé les centres occultes qui gravitent autour des fermes pilotes. Elle a assuré que les terres ne seront pas concédées aux étrangers. «Le foncier agricole est stratégique. D'ailleurs, je vais rendre publique la lettre que m'a adressée en 2002 le président de la République et dans laquelle il dit que tant qu'il serait vivant aucune terre ne sera privatisée.» Revenant sur la loi de finances complémentaire, elle a critiqué la dernière position du Forum des chefs d'entreprise qui, après avoir soutenu la LFC, a changé d'avis particulièrement en ce qui concerne le crédit documentaire. «Il était temps qu'on fasse le bilan des 60% de crédits alloués qu'ils ont pris. Combien de postes de travail ont-ils créés ? Qu'est-ce qu'ils ont produit comme richesses ?» s'est interrogée Louisa Hanoune. «Ils refusent d'augmenter les salaires, c'est le secrétaire général de l'UGTA lui-même qui me l'a dit». Et de s'interroger : «Pourquoi refusent-ils d'intégrer la tripartite ? Il se trouve que la LFC arrange les véritables producteurs.» D'autre part, elle s'est insurgée contre la flambée des prix des fruits et légumes, dont sont à l'origine les spéculateurs. Dans ce sens, elle appellera au retour du monopole de l'Etat sur le commerce intérieur et la réouverture des grandes surfaces. Mme Hanoune soutiendra la tenue du GNL16 et ira même jusqu'à applaudir le cartel du gaz dont elle juge qu'il est important. Elle reviendra sur les décisions prises par le ministre de la Santé et celui de l'Education à l'encontre des médecins et des enseignants qui ont observé la grève. Elle considère comme dangereuse la mise de scellés sur les bureaux des syndicats. C'est une atteinte flagrante au libre exercice du droit syndical et des libertés syndicales, estime-t-elle. Sur le plan politique, elle estime que la situation sécuritaire s'est nettement améliorée, il est temps de débattre de l'idéologie et de beaucoup d'autres sujets. Pour ce faire, elle demande l'ouverture des médias publics. A propos du passeport et de la carte d'identité biométriques, elle réfutera qu'il s'agisse d'atteinte à la vie privée des citoyens. En revanche, elle dénoncera la diversion et l'utilisation qui a été faite de l'obligation de retirer le khimar et de se raser la barbe. De toutes les façons, cela nous est imposé. Nous n'avons pas le choix, dira-t-elle. A ceux qui qualifient de takfir cette mesure, elle a déclaré que son parti proposera bientôt une loi pénalisant le takfir. «Personne ne peut se poser en intermédiaire entre Dieu et les gens. Nous n'avons pas de clergé et l'Etat algérien n'est pas islamique.» Enfin, elle déplorera le retour du phénomène des harraga. F. A.