“La loi de finances est en deçà des enjeux du moment, en deçà des défis nationaux et internationaux, en deçà des aspirations et des orientations du chef de l'Etat.” Telle est l'appréciation de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, sur la loi de finances 2009. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège de la Mutuelle des matériaux de construction, à Zéralda, à l'issue de la session ordinaire du Comité central (CC) de son parti, Mme Hanoune a affirmé que “les gens doivent manger et avoir de l'espoir pour aller voter”, en référence à l'élection présidentielle. Mme Hanoune a clairement laissé entendre que le projet de loi de finances, qui sera débattu le 23 octobre 2008 par l'APN, est loin de répondre “à la rupture nette avec les politiques passées” nécessaires pour la sortie de crise. Selon elle, “les contradictions” contenues dans ce projet de loi reflètent un “bicéphalisme au plus haut de l'Etat”, voire même des “intérêts mafieux”. Le numéro un du PT a fait savoir que sa formation a introduit 65 amendements, dont trois ont été rejetés. D'ailleurs, la session du CC, qui a duré deux jours, a été consacrée à la loi de finances, ainsi qu'aux salaires des députés. L'intervenante a annoncé la poursuite de “la campagne de rejet” de la loi portant sur les terres appartenant au domaine privé de l'Etat, en vue du “rétablissement de la loi 90-30”. “Cette loi doit être retirée, c'est la première mesure de sauvegarde de la nation, avant qu'il ne soit trop tard”, a-t-elle noté. Sur le registre des investissements, la responsable politique a indiqué qu'il ne faut compter ni sur “les IDE occidentaux” ni sur “les IDE arabes, mais sur nous-mêmes”. “L'Etat doit se réapproprier ses prérogatives en matière de commerce, cela n'est pas contradictoire avec l'économie de marché”, a-t-elle attesté plus loin. Elle s'est, en outre, demandée dans quelles banques étrangères (et pour quel montant) sont placées les réserves de change de l'Algérie. La SG du PT a, par ailleurs, proposé “le gel” de l'accord d'association avec l'Union européenne, en raison de la crise mondiale et de ses effets sur notre pays. Comme à son habitude, elle a égratigné certains ministres, particulièrement Chakib Khelil et Hamid Temmar, appelant le premier à “un peu de sérieux” dans ses déclarations relatives à l'avenir du pétrole et le second à se conformer aux “corrections” suggérées par le président de la République, en procédant au retrait de la loi sur les privatisations. Le ministre du Travail, M. Louh, a aussi été critiqué pour ses prévisions “provocatrices” relatives à l'emploi, surtout des jeunes. “Le Parti des travailleurs demande la renationalisation des entreprises”, a souligné Mme Hanoune, en défendant dans le même temps “la permanisation” des salariés et un smig de 35 000 DA. Le PT s'est également opposé à la taxe sur les véhicules neufs, la qualifiant de “provocation”. Interrogée sur la question des médicaments, en particulier le manque d'insuline pour les diabétiques, la chef du parti a carrément parlé de “volonté de liquider la production nationale”. Quant à l'inculpation du diplomate algérien en France, la responsable politique a reconnu qu'il s'agit d'une “affaire assez compliquée”, en espérant que “la justice française ne subira pas de pressions et (qu'elle) donnera un verdict juste”. “L'Etat algérien saura se défendre si c'est une confusion”, a-t-elle dit. Soulignons, enfin, que le Parti des travailleurs, par la voix de sa représentante, a beaucoup insisté, hier, sur l'organisation de “débats réels dans tous les espaces”, y compris au niveau de l'APN et du Sénat, “pour déterminer les dangers et réagir en conséquence”. H. Ameyar