Photo : S. Zoheïr Par Abderrahmane Semmar C'est dans une atmosphère particulière que le salon du recrutement a ouvert hier ses portes. Une foule immense de jeunes armés de CV s'est présentée, dès les premières heures de la matinée, à Riadh El Feth pour sillonner les stands de ce salon qui alimente les espoirs de nombreux chômeurs diplômés. A vrai dire, le rendez-vous qui s'étend jusqu'à demain, était immanquable au vu des opportunités qu'il fournit aux jeunes demandeurs d'emploi. De Cevital, Afia, Hamoud Boualem, en passant par Michelin, Danone, Henkel et Nedjma, une trentaine d'entreprises ont ouvert hier leurs portes aux sollicitations des jeunes diplômés. Ces derniers ont pris d'assaut les stands de ces entreprises dont certaines ne se contentaient pas seulement de recevoir les CV. En effet, plusieurs exposants ont consacré des entretiens à de nombreux postulants venus tenter leur chance auprès de ces entreprises. Celles-ci ont toutes fait part de leur volonté de recruter. Néanmoins, de l'aveu de nombreux managers présents hier au salon, les qualifications requises font cruellement défaut chez les jeunes diplômés. L'inexistence de passerelles entre le monde universitaire et celui du travail est à l'origine de cette carence. Dans ce sens, plusieurs entreprises préfèrent accueillir les étudiants durant leurs stages de fin d'études. C'est l'occasion de les tester et de les approcher. Chez Afia International, fabriquant d'huile de table, on mise beaucoup sur cette méthode. Toutefois, les équipes de ressources humaines de cette entreprise, filiale du groupe saoudien Savola Group, font tout pour dénicher les profils intéressants. Des ingénieurs biochimistes aux comptables et responsables marketing, cette société compte recruter une cinquantaine de personnes. Pour ce faire, elle a préféré venir à ce salon pour présenter ses besoins aux jeunes diplômés. «Si nous trouvons des profils intéressants, nous serons mêmes prêts à les prendre en charge pour venir à travailler dans notre usine à Oran», nous dit avec beaucoup d'enthousiasme une responsable du stand de cette entreprise. Plus loin, à Michelin, on annonce aussi le désir de recruter une cinquantaine de personnes. «Nous cherchons surtout des techniciens. En 2010, nous prévoyons de fabriquer 180 000 pneus. Pour appuyer notre production, nous devons donc recruter», confie Alain Guinot, directeur de Michelin Algérie. Notre interlocuteur nous explique par ailleurs que grâce à la formation des ingénieurs algériens initiée par son entreprise, le nombre des expatriés employés a baissé de 35 à 7. «Nos salaires sont supérieurs de 20% à ceux qui sont proposés ailleurs sur le marché. En plus, nos proposons une gestion individuelle des carrières jusqu'à la retraite. C'est avec ces atouts que nous tentons d'attirer les meilleurs profils», déclare encore Alain Guinot, lequel reconnaît que 7% de la masse salariale sont consacrés à la formation des ingénieurs recrutés. Pour leur part, les bureaux de recrutement présents à ce salon, estiment que le marché de l'emploi est dérégulé. «Si certaines entreprises privées recourent à nos services pour trouver des profils bien précis, le recrutement chez les entreprises publiques restent aléatoires et incohérents. Dans ces conditions, le marché reste immature», relève Mehdi Zeddani, directeur de HalKord, l'un des 7 bureaux de recrutement agréés en Algérie. Notre interlocuteur, qui se plaint des activités parallèles de certains bureaux non-agréés, affirme avoir placé pas moins de 250 demandeurs d'emploi dans des entreprises. Une meilleure organisation du marché de l'emploi, laquelle passe aussi par une modernisation et restructuration de l'ANEM, permettrait, selon d'autres spécialistes présents au salon de booster davantage le secteur du travail en Algérie. Les autorités publiques sont donc invitées à prendre acte de cet appel.