Pour se marier ou che cher l'eldorado. Ou parfois, juste pour s'amuser. Les motifs et les raisons sont différentes, mais une chose est sûre : de plus en plus d'Algériens, notamment les jeunes, se connectent sur Internet. Et à chacun sa raison.Rachid a 33 ans. Après des études de commerce à Alger, il retourne dans sa Kabylie natale pour faire de petits boulots. Ses quêtes d'emploi se sont vite heurtées à la réalité du terrain qui fait que les jeunes Algériens sont presque condamnés au chômage. Il fait alors tout ce qu'il peut trouver comme «emploi». Mais ses connaissances en informatique lui donnent la possibilité de gérer, à plusieurs reprises, des cybercafés. C'est alors la chance de sa vie. «Ça me permet de me connecter gratuitement toute la nuit», confie-t-il. Par ses connexions nocturnes, Rachid a fait la connaissance d'une Française. Le rêve est au bout du clavier. Car, malgré la différence d'âge, les deux «amants» ne se quittent plus. Virtuellement, d'abord, et par téléphone ensuite. «Lasse de me parler au téléphone, elle a fini par demander un visa et elle est venue», confesse Rachid. Rencontres, visites dans le pays et… puis rien. Puisque, contrairement à d'autres jeunes, la relation de Rachid et de sa «Française» n'a pas dépassé le cadre de la passion. Dans l'impossibilité de la rejoindre dans l'Hexagone, Rachid scrute les sites Internet, non plus pour connaître une femme cette fois-ci, mais plutôt pour un visa.Et comme lui, ce sont des milliers de jeunes Algériens à choisir cette voie. C'est le cas de Kahina. A l'âge de 25 ans, cette blonde a décidé de claquer sa carrière de journaliste pour rejoindre l'élu de son cœur. Elle aussi, elle a connu celui qui est devenu aujourd'hui son mari par Internet. «C'est comme dans un conte de fées», raconte-t-elle d'un air amusé. Depuis trois ans, et après des démarches harassantes –effectuées essentiellement grâce à Internet- elle finit par s'installer à Paris. Mieux, elle est maintenant mère d'un enfant.Omar, lui, vit depuis une année au Canada. Après une carrière de plus de 20 ans comme cadre dans une entreprise publique, il a préféré tout laisser tomber. Et c'est grâce à Internet. «J'ai téléchargé les formulaires d'immigration au Canada, et j'ai tout fait par le Net», déclare-t-il, malgré le regret de quitter son pays. L'usage de l'Internet par les jeunes ne se limite pas non plus à l'émigration et au mariage. Il n'y a qu'à voir le nombre de jeunes Algériens inscrits sur des sites sociaux, comme Facebook, pour s'en rendre compte. Ce sont des milliers d'étudiants et d'autres jeunes à échanger leurs idées et exprimer leurs opinions. D'autres sites, purement algériens, regorgent également d'exemples. C'est le cas de Khardja.com, comalgérie.com ou encore de Ouedkniss.com. Ce sont des sites qui offrent parfois des services. Mais ce sont également des points de rencontre. D'ailleurs, c'est sur l'un de ces sites que de jeunes lycéens avaient organisé, il y a deux années, un mouvement de protestation. Il est vrai que ce «privilège» n'est pas offert à tout le monde, puisque le taux de pénétration d'Internet dans le pays est encore très limité, notamment dans des régions comme le sud du pays où le chômage est dévastateur. A. B.