Des mesures seront prises «prochainement» conformément à la législation en la matière en vigueur dans chaque pays en vue de procéder à la mise en œuvre de l'accord conclu, en début de semaine, entre l'Algérie et la Libye et qui consiste essentiellement en l'échange des prisonniers entre les deux pays. C'est ce qu'a indiqué, hier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, en marge des Assises nationales de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui se sont ouvertes hier à Alger. Jusque-là, aucun cadre juridique bilatéral adéquat ne pouvait permettre d'envisager une solution à cet épineux problème qui a fini par s'accélérer ces derniers mois en faisant souvent la primauté de l'actualité nationale. C'est à la faveur de la visite en Algérie, samedi dernier, du secrétaire du comité populaire général de la Jamahiriya libyenne (Premier ministre), M. El Baghdadi Ali El Mahmoudi, que les deux parties sont parvenues à régler définitivement un lourd et délicat dossier, en suspens depuis plusieurs années et qui a tenu en haleine, outre les concernés eux-mêmes, plus d'une cinquantaine de familles algériennes. Pour rappel, ils sont 56 Algériens, dont des femmes, à avoir été détenus dans les établissements carcéraux en Libye, dont 8 condamnés à la peine capitale, 22 à la prison à vie, 5 à l'amputation de la main, tandis que 19 autres attendent depuis 5 ans leur procès. Hier, le représentant du gouvernement a ajouté, sans plus de précision, que les familles des concernés étaient dans «leur droit de se rapprocher des leurs», suggérant que ces dernières pouvaient se rendre en Libye pour être auprès des détenus. Même ceux d'entre ces derniers qui ont bénéficié de la grâce du leader de la Djamahiriya libyenne, Muammar Al Kadhafi, n'ont pu recouvrer leur liberté et rentrer dans leur pays. C'est à la suite de l'intervention du président de la République, qui avait reçu le fils de Kadhafi expressément pour ce sujet, que cette grâce a été obtenue. La demande, rappelons-le, en avait été faite une fois que Abdelaziz Bouteflika eut obtenu un rapport détaillé sur la situation des concernés, lequel rapport a été établi par la Commission consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (CCPPDH), présidée par Me Farouk Ksentini qui a pris en charge ce dossier. Et c'est par le biais de cette structure que l'opinion publique a pu être informée des péripéties de cette affaire, dont l'annonce du décès de l'un des détenus, Amar Boufelous, survenu le 10 mai en cours des suites d'une hépatite. Ce décès, avait révélé la presse algérienne, ne serait pas le premier parmi la population algérienne en détention dans les geôles libyennes : ils seraient 4 à y avoir succombé depuis les quatre dernières années. Ce douloureux épisode a incité les familles des détenus restants à interpeller le gouvernement algérien à intervenir pour obtenir soit leur libération ou leur transfert dans des prisons de leur pays. Les choses se sont ensuite accélérées avec l'entame, début mai, d'une seconde grève de la faim pour protester contre le refus des autorités judiciaires libyennes de leur accorder l'amnistie décidée par le responsable Muammar Kadhafi. M. C.