Déserte et présentant le visage d'un véritable «no man's land» durant les 90 minutes de la finale de la Coupe d'Algérie, la ville de Sétif a salué dans une explosion de joie le 7e trophée de l'Entente. Si l'allégresse dans la ville des Hauts Plateaux était à la mesure de la longue attente des supporters de l'ESS, grand spécialiste de la coupe, cela faisait 20 ans que la Coupe d'Algérie ne s'était abreuvée de l'eau de Aïn Fouara dans les artères de la capitale des Aurès, désertée elle aussi pendant le match, la déception des fans du CA Batna était contenue dans un sentiment de dignité et de fierté. Pendant que des milliers de Sétifiens se regroupaient, chantant, dansant au milieu des youyous autour de la mythique Aïn Fouara et du «lotus doré» du centre-ville, malgré une forte averse, à un peu plus de 100 km de là, sur les allées Benboulaïd de Batna, les supporters du CAB ne veulent pas sombrer dans le défaitisme et la tristesse. «Nos joueurs n'ont pas été ridicules, ils ont fait ce qu'ils ont pu face à l'une des meilleures formations d'Algérie, rompue aux grands rendez-vous. On les remercie de nous avoir donné tant d'émotions et de nous avoir fait rêver. Félicitations à l'Entente», souligne sportivement Mohamed H., supporter des Grenat et Rouge. Pendant que des cortèges de véhicules, en klaxonnant, sillonnaient les rues de Sétif, des dizaines de jeunes de l'école de football du CA Batna ont également tenu à faire, à bord d'un bus plein à craquer, le tour du centre de la capitale des Aurès, faisant flotter au vent des drapeaux aux couleurs de leur club. Ghaïth Khellaf, étudiant sétifien de 21 ans, attend avec impatience la venue de la coupe à Sétif et sa traditionnelle virée à Aïn Fouara, où elle sera remplie de son eau, pour, dit-il, «prolonger la fête». Pendant ce temps, Miloud B., jeune fonctionnaire batnéen de 25 ans, attend également le retour à Batna de Salim Aribi et de ses coéquipiers pour «les remercier de leur beau parcours en coupe». Des réactions qui disent aussi qu'au-delà de la confrontation sportive, la 46e finale de la Coupe d'Algérie, disputée dans un fair-play total et dans une ambiance des grands jours au 5 Juillet, fut aussi la fête du football algérien.