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Omar El Béchir a-t-il gagné son pari ?
Les réactions après les élections suggèrent une évolution des positions
Publié dans La Tribune le 04 - 05 - 2010

Les résultats des élections générales au Soudan sont tombés sans grandes surprises. Sur le plan technique, les doutes exprimés avant le scrutin se sont révélés justifiés. Ainsi le scrutin a-t-il connu de nombreux problèmes logistiques -contraignant la commission électorale (NEC) à prolonger le vote de trois à cinq jours- et a été marqué par le boycottage d'une partie de l'opposition, qui a accusé le parti du président Omar El Béchir d'avoir bourré les urnes.
D'autre part, les différentes missions d'observation, notamment la Fondation Carter et de l'Union européenne (UE), s'accordent à dire que les normes internationales n'ont pas toujours été respectées. La mission européenne a évoqué plusieurs irrégularités, dont des cas d'intimidation, un accès inégal des candidats à des ressources financières pour faire leur campagne et un accès inéquitable aux médias. Les critiques sont globalement plus importantes concernant le scrutin au Sud-Soudan. Nous reviendrons plus en détail sur ces réactions qui pourraient laisser présager de grands changements quant à la position vis-à-vis de celui qui est poursuivi par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
La victoire de Omar El Béchir
Comme cela était attendu, le président soudanais Omar El Béchir a été réélu à 68,24% des voix (6,9 millions de votes sur les 10,1 millions de suffrages exprimés). Rappelons que ses principaux concurrents, à savoir Yasser Arman, un musulman laïc appuyé par le SPLM, l'ex-rébellion sudiste, et Sadek El Mahdi, du parti Umma, s'étaient retirés, dénonçant une préparation frauduleuse de l'élection. Omar El Béchir appartient à l'armée, mais aussi aux Ja'aliyin, l'une des trois tribus qui monopolisent le pouvoir au Soudan depuis l'indépendance, en 1956. Il est également soutenu par les cercles d'affaires issus du mouvement islamiste.Cela dit, cette élection ne sort pas le chef de l'Etat de toutes les turpitudes auxquelles il doit faire face. L'ancien candidat du Mouvement populaire de libération du Soudan, (SPLM), Yasser Arman, a affirmé que le Parti du congrès national (NPC, parti du président sortant Omar El Béchir) envoyait des «forces armées» dans l'État du Nil Bleu, situé à la lisière du Nord et du Sud-Soudan, près de la frontière avec l'Éthiopie. Selon l'opposition, les militaires ont bourré les urnes et truqué le résultat des élections dans cet État clé.Jean-Philippe Rémy évoque l'influence de l'opposition de responsables au sein même du parti au pouvoir et d'une partie des organes de renseignement. L'existence de ces détracteurs fait même penser, poursuit l'auteur, à la possibilité d'une révolution de palais par des groupes influents au sein du pouvoir. Une révolution qui serait liée à l'éventuelle sécession entre le Nord et le Sud-Soudan à l'issue du référendum qui doit être organisé au plus tard en janvier 2011. Omar El Béchir a répété plusieurs fois ces derniers mois qu'il ne s'opposerait pas à cette sécession. Mais, plusieurs tendances au sein du pouvoir considèrent qu'il est vital de conserver le Sud, où se trouve l'essentiel des réserves pétrolières du pays. Omar El Béchir est donc pris en étau entre ses opposants au sein du pouvoir et les sudistes prêts à en découdre avec lui s'il ne respectait pas les termes de l'accord de paix globale. En fait, les sudistes pourraient reprendre les hostilités, ce qui mettrait Khartoum face à deux fronts, l'un à l'ouest avec le
Darfour, l'autre au sud. Une situation qu'aucun régime, si fort soit-il, ne pourrait supporter très longtemps. Ils pourraient également faire une déclaration unilatérale d'indépendance.Sur le plan international, Omar El Béchir peut compter sur quelques alliés. La Chine, la Malaisie, l'Inde et des pays du Golfe ont beaucoup investi au Soudan. Après avoir contribué à sortir ce pays de son isolement et lui avoir permis de commencer à produire du pétrole (aujourd'hui 500 000 barils par jour), certains de ces pays participent aussi à une forme de normalisation. Pékin a ainsi incité Khartoum à adopter une démarche plus conciliante sur certains dossiers.
Les sudistes : une victoire, des tensions
Les yeux étaient braqués sur les électeurs du Sud-Soudan, qui doivent se prononcer sur l'autodétermination en janvier 2011. Ceux-ci ont réélu l'indépendantiste Salva Kiir à la tête de la région semi-autonome, avec 92,9% des voix, contre moins de 8% pour Omar El Béchir. Salva Kiir est ouvertement favorable à la sécession de sa région. Son seul opposant, un autre ex-rebelle du Sud, Lam Akol, qui a dirigé la diplomatie soudanaise de 2005 à 2007, est considéré par certains Sud-Soudanais comme un allié de Khartoum. A noter que, malgré son retrait, Yasser Arman est arrivé largement en tête dans le sud du pays avec quelque 2 millions de voix, ce qui le place en deuxième position du scrutin. Cette adhésion des Sud-Soudanais au SPLM est confirmée, s'il en était besoin, par le score du chef du parti, Salva Kiir, à la présidentielle de la région semi-autonome.Ces deux résultats montrent que le Sud est gagné par le SPLM et les indépendantistes. Ils confirment également un sondage réalisé par l'Institut national démocratique (NDI) selon lequel plus de 90% de sudistes sont favorables à la sécession. Dès les résultats annoncés, Omar El Béchir s'est engagé à ce que ce référendum se tienne bien à la date prévue. Les négociations engagées avec la SPLA dès 1999, aboutissent, en janvier 2005, à la signature d'un accord qui met fin à deux décennies de guerre. Le texte accorde de nombreuses concessions à la rébellion : partage des recettes pétrolières, possibilité d'accéder à l'indépendance, droit de conserver leur armée. Une commission référendaire nationale doit être installée pour encadrer le scrutin. L'inscription des électeurs du Sud-Soudan et des sudistes vivant au Nord doit commencer dans les prochains mois au cours desquels le Nord et le Sud doivent régler des questions clés comme la délimitation de leur frontière.
Comment faire pour convaincre les sudistes de ne pas voter en faveur de l'indépendance ? Les négociations en cours portent, entre autres, sur l'exportation du pétrole du Sud qui pourrait transiter par l'oléoduc du Nord. Haydar Ibrahim, analyste politique soudanais, pense que Khartoum pourrait proposer plus d'autonomie au Sud-Soudan afin d'éviter la séparation du pays.La perspective d'une sécession suscite déjà de vives tensions communautaires. Des affrontements ont éclaté entre des membres de l'ex-rébellion sudiste, le Mouvement de libération des peuples du Soudan et des groupes armés appartenant à des éleveurs d'une tribu apparemment du Darfour, les Rizeigat. Ces affrontements ont eu lieu dans une région très disputée pendant la guerre civile (1983-2005), d'autant qu'elle ouvre le chemin à des échanges et des trafics en direction de l'Afrique centrale, et ses pâturages sont convoités. Cette région, explique Jean-Philippe Rémy, est à cheval sur la ligne qui pourrait se transformer en frontière entre les deux futurs Etats indépendants si, conformément à l'accord de paix global entre le Nord et le Sud signé au Kenya en 2005, les sudistes se prononcent pour leur autodétermination lors d'un référendum en janvier 2011. Des responsables militaires de l'ex-rébellion ont accusé les tribus arabes d'avoir reçu le soutien de l'armée régulière du Nord, les Forces armées soudanaises (SAF), laissant planer ainsi la menace d'une escalade Nord-Sud. Le Sud-Darfour, qui fait partie de la moitié nord du pays, est voisin du Bahr El Ghazal occidental, Etat du Sud. Dans cette région où l'élevage joue un rôle important, le bétail suit des routes de migration saisonnière de plus en plus contestées. Des conflits liés au passage des troupeaux, à l'eau et la propriété de la terre s'y sont intensifiés au cours des années. Jean-Philippe Rémy rapporte que, ces derniers mois, une série d'affrontements entre tribus arabes a eu lieu au Sud-Darfour, opposant notamment le groupe Rizeigat aux Sa'ada. Ces derniers accusent des unités des forces soudanaises composées d'ex-janjawids -miliciens controversés utilisés par le pouvoir soudanais pour mener la contre-insurrection au Darfour- d'avoir soutenu leurs rivaux.
Khartoum : des soutiens inattendus
Sur un continent ensanglanté par des frontières souvent contestées et des Etats se battant pour le maintien de leur intégrité territoriale, la menace qui plane sur l'avenir du Soudan ne laisse personne indifférent. Et si Omar El Béchir est contesté par un certain nombre d'acteurs importants de la communauté internationale, la partition du plus grand pays d'Afrique ne rassure personne. A ce titre, l'analyse des réactions issues des dernières élections est intéressante. Elle tend à suggérer qu'une sorte de consensus est en train de naître autour de Omar El Béchir, avec en toile de fond la peur de la sécession sudiste. Quelques arguments pour étayer cette hypothèse.Premièrement, très bizarrement et malgré les irrégularités citées et dénoncées, les observateurs européens parlent d'un processus de transformation démocratique. La chef de la mission d'observation de l'Union européenne (UE), Véronique de Keyser, a estimé que le scrutin avait «ouvert un espace démocratique, dans le plus grand pays d'Afrique… C'est un pas majeur». Enthousiasme plus que surprenant dans la mesure où la confusion a fait régner de la suspicion sur les élections. Plusieurs incidents techniques ont conduit à la prolongation de deux jours de la période des votes, ce qui a fait réagir l'opposition, tant au Nord qu'au Sud, qui a crié à la fraude. Les autres réactions vont dans le même sens mais ne sont pas très surprenantes. L'UA a estimé que ces élections constituent une étape importante pour la mise en œuvre de l'accord de paix globale (CPA) et que leur déroulement globalement pacifique «contribuera de façon décisive au processus de démocratisation».Deuxièmement, relevons que les critiques formulées quant à l'organisation du scrutin s'adressent précisément aux autorités du Sud. Ainsi observateurs européens et américains ont-ils montré du doigt les autorités sudistes pour la «faiblesse» de leur organisation et les irrégularités observées. Par ailleurs, les résultats obtenus dans cette région ont suscité de vives critiques. 92,9% des voix pour Salva Kiir est considéré comme un chiffre digne des dictatures et l'opposition n'a pas manqué de le faire remarquer. Lam Akol, le rival de Salva Kiir à la présidentielle du Sud-Soudan, et des petits partis d'opposition sudistes ont rejeté les résultats, estimant que les ex-rebelles avaient truqué le scrutin. Le SPLM a raflé neuf des dix postes de gouverneurs au Sud-Soudan, l'Etat d'Equateur-oriental ayant opté pour un candidat indépendant, et a mis la main sur la quasi-totalité des sièges de l'Assemblée législative du Sud-Soudan. Rappelons que seuls les électeurs enregistrés au Sud-Soudan ont pu voter à la présidentielle sud-soudanaise, de même qu'à l'élection du Parlement sudiste, des gouverneurs et des assemblées locales. Lam Akol, qui vit à Khartoum, n'a donc pu voter pour lui-même lors de ces élections.
Khartoum dans son contexte régional
La peur de la scission du Sud n'est pas étrangère au retournement de situation dans les relations entre le Soudan et le Tchad. Le message de félicitations du président Idriss Debby est d'ailleurs significatif puisqu'il parle de «brillante victoire». Evoquant la possibilité de la scission du Sud, le chef de l'Etat tchadien évoque «une catastrophe pour l'Afrique» et évoque un redoutable «effet domino» sur tous les pays du continent. Le rapprochement entre les deux pays voisins est passé par diverses étapes de négociations, à travers des médiations et divers accords : Tripoli et Khartoum en 2006, Riyad en 2007, Dakar en 2008 et Doha en 2009. Depuis le rétablissement de leurs relations diplomatiques, le Tchad et le Soudan ont rouvert leurs frontières, fermées depuis 2003, la circulation routière, l'espace aérien des deux pays et leurs ambassades. Mais ce rapprochement est à observer à d'autres niveaux. En effet, le Tchad fait face à une instabilité interne sur son flanc occidental et a besoin du soutien du Soudan pour espérer tenir tête à la rébellion. Ces derniers jours, de violents combats ont encore éclaté entre le Front populaire pour la renaissance nationale (FPRN) et l'Armée nationale tchadienne (ANT) tout près de la zone des trois frontières de Centrafrique, du Tchad et du Soudan. Signalons que le FPRN de Adoum Yacoub n'a pas été associé aux dernières négociations de Karthoum. C'est aussi le seul mouvement armé ayant ses combattants en territoire tchadien tandis que les autres sont établis aux environs de la frontière soudanaise. Autre intérêt en commun, l'énergie. Pas moins de 30 villages tchadiens seront équipés en électricité à base d'énergie solaire par le Soudan qui finance ce projet. Le conseiller présidentiel, dirigeant du dossier du Darfour et chef de la délégation du gouvernement pour les négociations avec les mouvements armés du Darfour, a affirmé que le Soudan était prêt à transporter les équipements du projet d'approvisionnement en électricité de la zone ciblée, dans un délai de deux semaines.En plus du Tchad, le Soudan a opéré un rapprochement spectaculaire avec l'Algérie. Les chaleureuses félicitations adressées au chef de l'Etat soudanais en disent long sur le rapprochement entre les deux pays qui ont connu par le passé des périodes de fortes tensions. A noter enfin que Khartoum et Le Caire connaissent également une détente à la faveur d'une convergence d'intérêts sur la gestion des eaux du Nil, face aux Etats situés en amont du fleuve stratégique.Si Omar El Béchir réussit son pari, il ne sera pas le premier. Combien de dirigeants autoritaires, de coups d'Etat et d'élections frauduleuses ont-ils été cautionnés au nom de la lutte contre une menace, terroriste, islamiste ou sécessionniste ?
L. A. H.


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