L'argent, voilà une notion qui suscite une soif inextinguible chez nos jeunes. En quête incessante d'un meilleur niveau de vie, la plupart de nos jeunes font des pieds et des mains pour trouver le bon filon à même de leur garantir un avenir «pécuniaire» radieux. Aujourd'hui, la simple observation du comportement de nos 15-20 ans envers l'argent révèle que ces derniers ressentent réellement un besoin de sécurisation à l'égard de leur avenir financier. D'ailleurs, les adolescents et jeunes adultes attribuent une valeur importante au travail bien rémunéré et ont une attitude très favorable à l'épargne. Cela dit, nos jeunes qui se sentent généralement insuffisamment préparés aux questions de l'argent puisque leurs connaissances proviennent essentiellement de leurs parents ou de leur entourage, se montrent également ouverts à une pédagogie de l'argent, mais avec une préférence pour les aspects pratiques. Ainsi, le système D, les astuces, la ruse, la débrouillardise, les dernières trouvailles, sont tout autant d'éléments cultivés par nos jeunes pour essayer de gagner le maximum d'argent. Confrontés à une perception anxieuse du quotidien et à l'incertitude de leur avenir (notamment de leur emploi futur), beaucoup de jeunes attribuent une forte valeur au travail bien payé. Ils le considèrent, selon leurs propres témoignages, comme un enjeu majeur et le moyen naturel d'obtenir de l'argent. Toutefois, de façon surprenante, très nombreux sont les jeunes qui citent de moins nobles moyens pour acquérir de l'argent : cela peut aller du jeu, de l'argent gris (vol, trafics…) aux différentes escroqueries ; bref, on parle généralement de «business» qui engloberait plusieurs pratiques informelles. C'est dire alors si nos jeunes sont peu regardants sur la moralité et la légalité dans leur quête de la richesse. Matérialiste dans leur vision du monde, l'argent est donc au centre des intérêts qui influencent leurs comportements. Dans ce sens, tous les moyens sont bons pour avoir le portefeuille bien rempli. Là-dessus, force est de constater que les garçons comme les filles sont sur la même longueur d'onde. Il faut dire que nos jeunes sont désormais pleinement immergés dans la société de consommation. Ils savent y trouver du plaisir. Ils ont une idée assez juste des prix pour des biens qui les concernent directement (prix d'un PC portable, d'un bijou, d'une soirée en boîte de nuit…). Et, dans ce contexte, les plus âgés estiment ne pas avoir assez d'argent pour vivre comme ils le souhaiteraient. L'argent est dès lors leur unique passerelle vers l'autonomie et l'indépendance. «Sans argent, je ne suis qu'un misérable», telle est, semble-t-il, la devise d'une grande partie de nos jeunes. En lisant chaque jour dans les colonnes des journaux les montants faramineux des deniers publics détournés, ces derniers ne se posent plus vraiment des questions d'éthique quant à leurs moyens mis en œuvre pour acquérir du «fric». Face à la cherté de la vie et la précarité des salariés, ces jeunes se détournent de plus en plus des études pour se lancer dans toutes sortes d'activités parallèles et informelles. En regardant leurs parents souffrir dans la pauvreté, beaucoup d'entre eux se lancent le défi de prendre leur revanche sur le destin. Du coup, même dans les relations humaines et les rapports sociaux, l'argent prend le dessus sur toute autre considération. Ainsi, les filles ne veulent se marier qu'avec des riches capables de leur offrir une vie agréable et les garçons ne cherchent que cette princesse au riche héritage qui pourra leur garantir une vie promise à l'aisance. Le matérialisme conquérant est érigé en valeur absolue par notre jeunesse… A. S.