La Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) subit les répercussions de ses retards. Il ne s'agit pas ici seulement du respect des horaires de départ des trains, mais de l'évolution de l'entreprise en fonction de la demande à travers le temps. L'atonie qui a touché la grande majorité des entreprises publiques durant des décennies, aggravée par la détérioration préméditée et presque systématique de leurs équipements, n'a pas épargné ce service public. Mais le train n'attend pas. En perte de vitesse, la société publique (SNTF) est tractée à coups de subventions pour être remise sur les rails. Des plans de développement et de modernisation sont mis en place. Les déficits de l'entreprise sont lourds et les investissements dans le secteur voraces. Après avoir gelé son découvert (15 milliards de DA) jusqu'en 2013, la société voit la part de subvention accordée par l'Etat presque quadrupler, passant de 2,5 à 8,5 milliards de DA (MDA) en dépit de son déficit global de l'ordre de 47 MDA. Objectif : rabibocher le citoyen et le train. Il est vrai que le service offert aux clients s'est considérablement amélioré mais la rentabilité peine à se frayer un chemin. Le chiffre d'affaires (CA) de la SNTF avoisine les 4,4 MDA. Si le transport de voyageurs a connu une hausse importante (près de 30%), son incidence sur le CA n'a eu qu'un effet minime (+4%) à cause, entre autres, du refus des pouvoirs publics d'augmenter le prix des billets. Quant au transport de fret (3/4 du CA de la SNTF), très peu mis en valeur, il reste à la merci d'une poignée d'opérateurs économiques. Le recul de l'activité de deux sociétés a induit une perte sèche de 50% du CA de l'entreprise. Devant ces handicaps (le recouvrement du prix réel du transport des voyageurs, la faiblesse du fret, la lourdeur des investissements et les passifs de l'entreprise), la SNTF avance bridée. Et voilà qu'elle est prise en étau entre l'obligation de résultat et l'ire de ses employés qui revendiquent la révision de leur régime indemnitaire. Ce qui fera dire à son DRH, M. Dekhli Noureddine, au premier jour de la énième grève des cheminots, dimanche dernier : «Nous sommes conscients de la situation des cheminots. On pourrait trouver en quelque sorte leurs revendications légitimes, mais nous sommes un service public, nous ne pouvons pas nous permettre de fermer boutique.» Mais est-ce aux employés de souffrir des incohérences de la gestion d'une entreprise ? Un cheminot, qui constate la révision générale des régimes indemnitaires et statuts particuliers de tous les secteurs (publics comme privés) et entend parler de milliards de dinars investis dans son rayon et de scandales de dilapidation de l'ordre de milliers de milliards de centimes, ne peut se résigner à supporter longtemps un train de vie en marge. Il revendique sa part de la modernisation. Et une entreprise ne peut évoluer sans la mise en valeur de ses ressources humaines. S. A.