Lorsqu'on n'a plus la santé, on s'accroche au moindre petit espoir de guérir, notamment lorsque la médecine moderne échoue. Des millions de personnes croient aux secrets et vertus des plantes médicinales et aux dons «divins» des guérisseurs. En Algérie, à l'instar de nombreux pays, les médecines douces, naturelles, parallèles, alternatives ont plus que jamais la cote. On y croit encore dur comme fer. L'une de ces «célèbres» guérisseuses traditionnelles par les plantes s'appelle Djamila Souiki. Ce nom fait des émules et bien des adeptes. Elle affirme guérir de nombreuses maladies grâce aux plantes qui, selon elle, soignent le cancer, les inflammations, les infections, les kystes, les fibromes, la maladie de Crohn, le goitre, l'angoisse, les insomnies, le déséquilibre hormonal… en somme, toutes les maladies qui n'ont pas trouvé de remède peuvent être, d'après cette «chercheuse» dans les plantes médicinales, «soignées». De quoi, à la croire, redonner de l'espoir à des millions de malades. Nous avons tenté d'en savoir plus sur cette femme «énigmatique» qui a fait le tour des médias étrangers. C'est près de la mosquée de Clairval que nous avons pu trouver le local dans lequel elle exerce son métier. C'est là que Djamila Souiki travaille et accueille des malades issus des quatre coins du pays. Elle a loué ce local, non loin de son domicile, situé à Clairval. Une fois sur les lieux, nous sommes aussitôt accostés par un habitant du quartier. «Un conseil, rentrez vite chez vous», lâche-t-il. Nous prenant pour des malades, venus chercher les bienfaits de cette dame, il nous conseille tout simplement de rebrousser chemin. Lorsque nous essayons d'en savoir plus, il se laisse aller aux confidences : «J'ai ramené mon épouse paralysée, dans l'espoir de la soigner. En réalité, je n'y croyais pas trop, mais mon épouse, après les échos qu'elle avait eus au sujet de Djamila Souiki, insistait tellement que j'ai fini par céder. Mais l'expérience n'a pas été concluante.» «Nous avons tout simplement été escroqués par cette dame qui a réclamé 20 000 dinars pour la traiter mais ses prétendues plantes miracles n'ont rien donné», avoue-t-il. Et de poursuivre : «Ma femme est toujours clouée au lit», avant de dire, l'air désolé, que «Djamila Souiki continue de berner beaucoup de personnes, en leur soutirant des millions». Le témoignage d'une autre femme abonde dans son sens. «J'ai entendu parler d'elle par le biais d'une amie», relate une de nos interlocutrices, atteinte de cholestérol et qui a fait le tour des médecins pour soulager son mal. «On dit d'elle qu'elle soigne cette maladie, mais j'ai vite déchanté, en apprenant par une de ses clientes que, finalement, ses produits à base de plantes n'ont aucun effet», confesse désabusée, notre interlocutrice. Finalement, nous ne pourrons pas voir cette fameuse «guérisseuse». Les jours de réception sont fixés du samedi au mercredi, de 15 à 18 heures. De plus, cette «chercheuse» ne reçoit que sur rendez-vous. Curieux d'en savoir plus sur cette femme qui fait tant parler d'elle, nous essayons à maintes reprises de l'approcher. Mais ce n'est que par téléphone que nous avons la chance de la joindre. D'emblée, elle affirme qu'il nous faut un rendez-vous au préalable. «Je suis prise et je ne suis pas pour l'instant à Alger», dit-elle. Elle finit, au fur et à mesure que nous lui posons des questions sur son métier, par changer d'avis. «Inutile d'insister, je ne veux plus avoir affaire aux journalistes algériens !» s'exclame-t-elle. «Je suis déçue par la presse algérienne, je ne veux plus d'article publié à mon propos.» Lorsque nous essayons de connaître son parcours et son domaine de formation, elle affirme être «inventeur» et dit qu'elle est enregistrée sur la liste des chercheurs algériens de renommée internationale. «J'ai fait une année de biologie à l'université de Constantine et je détiens un diplôme dans les sciences combinées de Grande-Bretagne (école English Center East Bourne)», explique-t-elle avec fierté. «En ce moment, je suis très demandée, en Arabie saoudite et à Dubai, notamment», dit-elle. Elle s'abstient, toutefois, de donner plus de détails, se contentant de rappeler que «sa mission est noble, celle d'apporter son aide aux gens qui souffrent». «Mon but est de soigner des malades, de sauver des vies. Je suis là pour servir le malade», souligne-t-elle, refusant de nous accorder plus de temps. En dépit des témoignages qui la contestent, certains récits sur les exploits de cette «chercheuse» vont bon train et se sont répandus comme une traînée de poudre. Chacun y va de sa petite histoire. D'après elle, «on lui attribue le don de guérir des maladies incurables». «Des chaînes de télévisions arabes se sont intéressées à mes recherches, comme la chaîne MBC et autres chaînes du Golfe», dit-elle. Mais la vérité, toute la vérité sur Djamila Souiki, seul le temps, peut-être, nous la dira. A. B.