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Des médecins en «herbe»
Charlatans and Co
Publié dans La Tribune le 22 - 05 - 2010

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
«Vous avez le diabète, l'hypertension artérielle, des rhumatismes, un coup de froid, des démangeaisons, la sciatique ? Vous avez perdu l'appétit, vous souffrez d'impuissance sexuelle, vous avez la migraine, vous êtes obèses, vous voulez perdre du poids, rien de plus facile pour nous, nous avons ce qu'il vous faut, vous pouvez dormir tranquilles, nos plantes sont efficaces, vous retrouverez très vite une vie normale.» Cette longue litanie criée à tue-tête par les haut-parleurs installés au-dessus de l'étal attire une foule nombreuse au marché hebdomadaire à Annaba ; on y vient de partout pour acheter ces produits ou ces plantes tant louées. On se bouscule et chacun veut avoir «sa dose» au grand bonheur du charlatan qui encaisse, aidé par son acolyte qui ne tarit pas d'éloges, vouant les mérites de son patron. «C'est quelqu'un qui connaît bien les plantes et leurs vertus, il les a étudiées en Egypte et au Moyen-Orient ; s'il vous dit que telle plante guérit tel mal, c'est que c'est vrai, vous pouvez l'utiliser les yeux fermés, “methenni!”» répète-t-il avec une telle assurance que l'on est tenté de croire tout ce qu'il dit. Ces herboristes soutiennent qu'ils peuvent tout guérir. «Chaque plante convient à une maladie, et notre expérience dans le domaine est grande ; nous pouvons pratiquement tout guérir», nous dit l'un d'entre eux. Ce discours est développé à chaque fois qu'un client est pris de doute ; il est tout de suite rassuré et sa crédulité s'en trouve «restaurée». En fait de produits miraculeux, ce sont des racines de plantes inconnues du public pour la plupart parce que séchées, des tubercules ou encore des flacons d'extraits de plantes ; fioles sans étiquettes sans aucune inscription indiquant le fabricant, les dates de fabrication et de péremption. On achète le produit, on suit la prescription de ce médecin autoproclamé, dosage, heure d'administration ou d'application et le nombre de jours selon la «gravité de l'affection». On rentre chez soi avec la ferme conviction qu'on a fait une affaire, finis les attentes chez le médecin, les analyses, les radios, les sachets de médicaments, le respect strict des heures de prise, les contrôles, etc. En réalité, les thérapies «prescrites» par ces imposteurs s'avèrent inefficaces, parfois dangereuses et entraînent le plus souvent des complications et souvent une hospitalisation.
Le docteur Djaafar du Centre anti-poison (CAP) de Annaba dit avoir procédé à des analyses de ces plantes tant louées et est arrivé à la conclusion que 80% d'entre elles sont toxiques et nocives pour la santé. Celles-ci contiennent des principes actifs qui peuvent causer des malaises, des vomissements et des
diarrhées aiguës avec des complications parfois graves. Le ministère de la Santé, avec la collaboration du ministère du Commerce, est en train de préparer une loi qui réglementerait ce type de commerce pour préserver la santé et le bien-être du citoyen et ainsi éliminer définitivement du circuit ces charlatans
qui font plus de mal que de bien. Cependant, la vente de ces plantes continue dans les marchés populaires faisant des ravages parmi les populations qui, attirées par la publicité mensongère, les consomment. Aujourd'hui, en dehors des souks où tout est presque permis -on y vend de tout sans aucune forme de contrôle- on a passé la vitesse supérieure puisqu'on ouvre à tout va des officines dites de plantes médicinales qui ont pignon sur rue et sont bien approvisionnées. On les appelle «magasin Ibn El Kayim» pour la thérapie par les plantes médicinales. Et la clientèle ? La boutique ne désemplit pas et c'est essentiellement la gente féminine qui fréquente les lieux espérant y trouver ce qu'elle cherche sous l'œil très intéressé du patron. Produits de beauté à base de plantes, soins du visage, de la peau, des mains, cure d'amaigrissement, produits pour prendre du poids et même ceux censés guérir les rhumatismes et le diabète. Le «tenancier» pousse l'audace jusqu'à afficher au grand public à l'extérieur et à l'intérieur de l'officine la liste des maladies qui peuvent être guéries. Nous avons visité l'une de ces boutiques et avons constaté qu'effectivement il y avait beaucoup de femmes venues à la recherche de quelque remède miracle pour un quelconque problème de santé : «Est-ce que vous avez quelque chose contre le diabète ? Mon fils de 22 ans a découvert récemment qu'il en est affecté», dit l'une d'entre elles. «Oui, bien sûr, mais il nous faut le résultat des analyses qu'il a faites puis nous vous donnerons ce qu'il faut», répond le gérant. Cette façon de faire de ce charlatan montre qu'il a tendance à remplacer le docteur en médecine, qui a fait au moins 7 ans d'études à la faculté si ce n'est plus, des études balayées en un tour de main par un ignare qui s'est autoproclamé guérisseur, faisant fi des recherches et des découvertes faites au prix de sacrifices et d'efforts qui ont duré des siècles.L'autre arnaque et non des moindres est celle des talebs, marabouts, chouafate (diseuses de bonne aventure), cartomanciennes et autres escrocs attitrés. Et ils sont légion à Annaba ; on en trouve dans presque chaque quartier ou village et on vient de loin pour les consulter, suivre leurs conseils et surtout se faire avoir en laissant un gros paquet. Naïveté, crédulité, superstition, croyances en les esprits et autres balivernes constituent le terrain de prédilection de ces charlatans, qu'ils soient hommes ou femmes. Déficience mentale, dépression ou une quelconque affection psychologique, on ne s'adresse presque plus aux centres ou aux médecins spécialistes, on contacte ces guérisseurs, ces «exorcistes» pour extirper le mal qui ronge l'esprit «dérangé». Encens, incantations, psalmodies, talismans, gifles et coups violents portés à certains endroits du corps et autres amulettes remplacent les médicaments. Le patient est trimbalé d'un taleb à l'autre, encaissant sans broncher les coups jusqu'à perdre connaissance parfois en présence de «l'exorciste» qui fait croire à l'assistance qu'il est en train de combattre l'esprit qui possède ce corps. Le comble, c'est qu'on le croit et on lui livre pieds et poings liés la victime qui continue à subir les coups. Ce qui est étonnant, c'est que, parfois, c'est la classe dite des intellectuels qui se laisse prendre ; on raconte qu'un responsable, venant d'être nommé à un poste important, a eu recours à l'un de ces charlatans pour éloigner les mauvais esprits du
nouveau bureau qu'il occupe en pratiquant la «roquia», une pratique tendant à se généraliser. Ce qui assoit bien ces croyances d'un autre temps -un
anachronisme, dirions-nous-, c'est que ces charlatans associent ces pratiques à la religion en citant des versets du Saint Coran. Et quand on sait la vénération et le respect que les Algériens ont pour tout ce qui a trait à la religion on comprend aisément la réussite de ces faux guérisseurs. Devant cette situation qui devient une véritable menace pour la santé, rien n'a été fait par les pouvoirs publics afin d'arrêter cette plongée dans les ténèbres de l'ignorance, une plongée activement soutenue et encouragée par des charlatans qui profitent de la crédulité des gens.


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