En réaction à la répression qui s'est abattue sur eux lors du dernier rassemblement organisé à Alger, les enseignants contractuels, en grève de la faim depuis 21 jours, ont décidé de déposer deux plaintes, l'une au niveau du Bureau international du travail (BIT) et l'autre au niveau de l'Internationale des services publics (ISP), contre le ministère de l'Education nationale. La décision a été annoncée hier, lors d'une conférence de presse animée à Alger par un responsable du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC). «En dépit du caractère pacifique de la manifestation, les enseignants ont été réprimés, insultés et humiliés par les policiers», déplore une syndicaliste. «Sommes-nous dans un Etat de droit ?» s'est interrogé un membre du bureau national du Snapap, avant de souligner que «l'attitude méprisante du ministère de l'Education à l'égard des grévistes renseigne, à plus d'un titre, sur la gestion totalitaire des affaires du secteur par M. Benbouzid». En effet, depuis le début de la grève de la faim et en dépit de l'état de santé en détérioration des grévistes, le ministre de l'Education nationale a décidé tout simplement d'ignorer un mouvement qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. «28 enseignants ont été évacués vers l'hôpital depuis le début de la grève, alors que le ministère de la Santé n'a pas envoyé une délégation médicale pour s'enquérir de l'état de santé des grévistes», a déploré un membre du CNEC. A la question de savoir pourquoi ils refusent de passer le concours de recrutement annoncé par le ministère de tutelle, les enseignants ont expliqué que ce concours n'a aucun sens. «Le concours est organisé une fois tous les cinq ans. Pis, les ingénieurs d'Etat, les licenciés en sociologie, en psychologie, pour ne citer que ceux-là, ne sont pas admis au concours, alors qu'ils enseignent depuis plusieurs années», a expliqué un syndicaliste du CNEC. Contrairement à M. Benbouzid qui affirme que le concours de recrutement est imposé par la fonction publique, les syndicalistes précisent que celui-ci est plutôt décidé par le ministère de tutelle. Le président de l'Union nationale des associations des parents d'élèves (UNAPE) a, pour sa part, déploré le refus du ministre de l'Education de la médiation que veut jouer son organisation. L'orateur a expliqué qu'aucun responsable au ministère ne voulait recevoir les membres de l'UNAPE. «Après avoir pris contact avec les grévistes de la faim, pour mieux comprendre leurs revendications, nous nous sommes déplacés au ministère pour tenter une médiation. Malheureusement, personne ne voulait nous recevoir», a fait remarquer l'orateur avant d'ajouter qu'il y a plusieurs sources qui doivent aboutir à des solutions. «Il y a des fondements juridiques, professionnels, humanistes, et il y a enfin le facteur de reconnaissance que méritent ces enseignants», a affirmé le responsable de l'UNAPE. Par ailleurs, le CNEC a lancé un appel à un rassemblement, le 5 août, devant le siège de la présidence de la République, auquel prendront part également des représentants de partis politiques et de la société civile. C. B.