Au terme d'un silence et de vingt jours après le début de la grève de la faim, les enseignants contractuels ont décidé de tenter un autre sit-in le 5 août. Il ne se passe pas un jour sans que plusieurs d'entre eux ne soient évacués dans un état comateux vers l'hôpital. Jusqu'à présent, 28 enseignants grévistes sont hospitalisés et tout cela se déroule dans l'indifférence d'une tutelle qui persiste dans sa position du niet. C'est un dernier cri de détresse qui a été lancé hier. Un rendez-vous, simplement une rencontre avec un membre du département de Benbouzid pour ouvrir un dialogue, concernant la situation actuelle des contractuels, notamment les grévistes de la faim, pourra dénouer la crise. À cet effet, ils ont annoncé, hier lors d'un point de presse tenu au siège du Snapap à El-Harrach, d'aller vers un autre sit-in mardi prochain. Pour ce qui est du lieu du rassemblement, les syndicalistes préfèrent l'indiquer à la dernière minute. “Quitte à se faire tabasser, matraquer ou embarquer, nous devons faire entendre notre voix. Il faut qu'ils réagissent à notre détresse avant que ça ne soit trop tard”, a déclaré Meriem, membre du Conseil national des enseignants contractuels affilé au Snapap. À ce sujet, des plaintes seront déposées incessamment au niveau de la Ligue de défense des droits de l'Homme et au BIT (Bureau international du travail) pour leur non-réintégration après des années d'expérience qui ont dépassé les cinq années. Les contractuels contestataires ont obtenu l'appui et le soutien de plusieurs organisations de la société civile et des associations internationales, mis à part le ministère de l'Education nationale qui campe sur sa position. “M. Boubekeur Benbouzid refuse toute forme de médiation concernant les enseignants contractuels. Il persiste dans sa politique de bras de fer”, a dénoncé un représentant de l'Union des parents d'élèves. Cette situation a été constatée sur le terrain lors du dernier rassemblement devant le ministère de l'Education. Des syndicalistes notamment du Cnapest et des membres de l'Union des parents d'élèves ont sollicité une entrevue avec M. Benbouzid pour négociations avec les grévistes, mais ils sont revenus bredouilles. “Au moment où des dizaines d'enseignants mènent une bataille pour rester en vie, le ministre tente par tous les moyens d'expliquer sa position. Pour nous, tant que les commissions sont composées uniquement de représentants de l'administration, les concours ne seront pas crédibles”, a expliqué un gréviste. Un concours longuement critiqué par les syndicalistes qui reprochent au ministre de l'Education nationale “la langue de bois” et un discours totalement contradictoire. “Comment il ose déclarer qu'il y a 80% des contractuels qui ont passé l'examen de recrutement du 29 juillet dernier, alors qu'il y a 50% d'enseignants contractuels dont leur dossier a été rejeté de facto car ils n'ont pas le diplôme d'enseignement. Ce sont des licenciés de différents domaines et des ingénieurs d'Etat”, a relevé le représentant de Cnapest. Il a dénoncé le comportement des agents de l'ordre lors du rassemblement pacifique de mercredi dernier. Il est inadmissible, selon eux, de continuer dans cette politique du niet, il faut rouvrir le dossier des contractuels ou/et enquêter dans ce sens si les pouvoirs publics veulent retrouver la paix sociale. À ce propos, les syndicalistes menacent de perturber la prochaine rentrée scolaire si rien ne se fera concernant le dossier des enseignants contractuels. Par ailleurs, les syndicalistes lancent un appel à l'adresse de la société civile pour dénouer cette crise. C'est tout le gouvernement qui est interpellé. Un gouvernement qui, pour le moment, se contente d'observer tandis que le conflit s'enlise et l'état de santé des grévistes de la faim empire de jour en jour sans une véritable prise en charge médicale. Nabila Afroun