286 milliards de dollars à investir entre 2010 et 2014, dont 130 milliards de dollars pour le parachèvement des anciens projets principalement dans les secteurs de l'eau, des rails et des routes. Soit un montant colossal pour des investissements publics lourds dans différents secteurs à réaliser durant cette période dans des conditions qui s'annoncent d'ores et déjà différentes de celles des précédents programmes. Le ton est donné par le chef de l'Etat qui a appelé à éviter les surcoûts lors du dernier Conseil des ministres. Mais il faudrait mettre en place les outils nécessaires pour limiter les surévaluations et les tentatives de corruption qui ont pour rappel entaché de nombreux projets dans les précédents programmes. Au-delà du respect des délais et des normes de réalisation des projets contenus dans le programme quinquennal 2010-2014, la lutte contre le gaspillage des deniers publics est le défi principal auxquels feront face les pouvoirs publics durant cette période. Pour cela, il y a lieu de bien ficeler les projets avant leur lancement. La maturation des études est d'ailleurs la recommandation principale du président Abdelaziz Bouteflika. Là, c'est à cette question que doivent veiller tous les secteurs. Chaque ministère est donc appelé à étudier minutieusement des projets à travers tous les aspects avant d'entamer les travaux. «Nous accompagnerons cette importante dépense publique de développement avec la rigueur nécessaire, pour bannir tout excès et surtout tout gaspillage dans le fonctionnement de l'Etat et des collectivités locales», a noté dans ce cadre le chef de l'Etat à l'issue du Conseil des ministres. Comment éviter ce gaspillage qui a déjà fait perdre énormément au Trésor public ? A ce sujet, le gouvernement mise sur la Caisse nationale de l'équipement pour le développement (CNED). Créée en 2004, cette caisse n'a pas joué pleinement son rôle de contrôle des études des projets pour différentes raisons. La CNED qui est appelée à valider toutes les études de maturation des grands projets financés par l'Etat a besoin d'être renforcée. Les experts sont unanimes à ce sujet. L'économiste Mohamed Bahloul cité par l'APS dira : «La CNED nécessite encore du temps pour optimiser son fonctionnement et doit être dotée de ressources humaines, financières et technologiques nécessaires pour le bon exercice de ses missions.» Ce qui nous amène encore une fois à revenir sur les moyens à mettre en place. D'ailleurs, M. Bahloul n'a pas manqué de mettre l'accent sur la nécessité de mobiliser les capacités managériales nationales pour une bonne exécution des différents projets du plan. Car, en plus des études, l'exécution nécessite une prise en charge efficace loin du bricolage et des opérations de remodelage. En effet, c'est principalement le management performant qui a fait défaut durant la dernière décennie. Les exemples sont bien nombreux. On a fait appel à des étrangers pour conduire des projets de grande importance et pour élaborer les études mais ces derniers n'ont pas apporté l'ingénierie et le managérat escomptés. Le transfert de technologie tant attendu n'est pas arrivé. Ce sont ainsi des sommes faramineuses qui sont parties en fumée. Eviter les erreurs et conduire le programme à bon port nécessite aussi une évaluation périodique des projets pour faire le point sur leur exécution mais aussi sur la satisfaction des attentes des populations. Et ce, d'autant que 40% du programme est destiné au développement humain et 40% aux infrastructures de base. «Chaque secteur rendra compte annuellement de l'exécution diligente de son propre programme et nous procéderons annuellement à l'appréciation de la situation financière du pays pour, le cas échéant, tenir compte de nos moyens financiers», a insisté le président Bouteflika. Les maires devraient être les premiers à donner l'exemple en informant régulièrement les populations sur les réalisations communales. S. I.