Les Italiens et les Sud-Africains sont les premiers à se rendre à Alger depuis l'annonce du plan d'investissement de 286 milliards de dollars. Abdelkader Messahel n'a pas attendu longtemps pour donner le ton. Les étrangers seront sollicités pour participer à la réalisation des projets inscrits dans le plan de développement 2010/2014. C'est ce qu'a fait comprendre, avant-hier, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines à son invitée, Stefania Craxi, secrétaire d'Etat italienne aux Affaires étrangères. Les Sud-Africains n'ont pas entendu un discours différent lors de leur présence hier dans la capitale. C'est que les 286 milliards de dollars ont toutes les chances de ne pas pouvoir être consommés uniquement par les entreprises locales en mal de capacités de réalisation.Que ce soit pour le logement, les routes, le chemin de fer, les barrages ou les hôpitaux, les nationaux sont loin de pouvoir répondre aux énormes besoins de réalisation. Cette situation n'est pas sans poser quelques problèmes. L'un d'entre eux est lié au fait que les projets confiés à des étrangers ne présentent pas de valeur ajoutée pour le pays, hormis l'infrastructure réalisée. Les étrangers achètent sur place des engins d'autres sociétés étrangères, les confient à la main-d'oeuvre de leur pays, encaissent les chèques et puis ils s'en vont. Entre-temps, les matériaux de construction et autres intrants sont importés. Le résultat est que le transfert des devises va s'accentuer avec ce nouveau plan. La participation des petites et moyennes entreprises, comme des grandes, n'est pas non plus une certitude, les sociétés étrangères ont des cahiers des charges stricts à respecter. Récemment encore, l'entreprise Fondal activant dans la construction de pièces servant dans les travaux hydrauliques, s'est plainte de ne pouvoir décrocher des contrats avec des étrangers. Pour être exclue des appels d'offres, la technique est simple. Le cahier des charges des donneurs d'ordre est rédigé de telle manière à être en adéquation avec les spécifications techniques des produits proposés par des étrangers. L'Algérie doit alors sérieusement s'atteler au règlement du problème des normes non seulement pour favoriser ses entreprises mais aussi pour veiller à la qualité des ouvrages réalisés. L'une des autres questions sur lesquelles les concepteurs du projet doivent se pencher est celle de l'adéquation des montants investis avec le gain en points de croissance. Avec le plan de 150 milliards de dollars qui vient de s'achever, les résultats n'ont pas été très encourageants, de l'aveu même du ministre des Finances. Karim Djoudi avait considéré, dès l'été dernier, que de manière générale, les investissements publics ne sont pas caractérisés par une grande rentabilité. Si telle est la situation en présence d'investissements, qu'en serait-il en leur absence? Les entreprises publiques et privées seraient-elles capables de générer assez de capitaux pour monter à l'assaut avec leurs propres moyens? Certaines d'entre elles le sont, à l'instar de Cosider et de l'Etrhb. Mais pas toutes. Le remède réside dans leur mise à niveau, ce qui est prévu par le plan 2010/214. Ce programme d'investissement public a d'autres vertus. Il vise le parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau pour 130 milliards de dollars. Les projets nouveaux sont dotés d'un montant de 156 milliards de dollars. 40% de ces ressources iront à l'amélioration du développement humain. Les prévisions sont les suivantes: près de 5000 établissements de l'éducation nationale (dont 1000 collèges et 850 lycées), 600.000 places pédagogiques universitaires et 400.000 places d'hébergement pour les étudiants et plus de 300 établissements de formation et d'enseignement professionnels. La santé n'est pas en reste: plus de 1500 infrastructures de santé dont 172 hôpitaux, 45 complexes spécialisés de santé, et 377 polycliniques sont prévus. Deux millions de logements, dont 1,2 million seront livrés durant le quinquennat, le reste devant déjà être mis en chantier avant la fin de l'année 2014, sont aussi dans l'agenda.