La page du match amical face à l'Irlande joué vendredi dernier à Dublin est refermée avant de s'ouvrir à nouveau, dans une semaine, sur l'autre match test face aux Emirats arabes unis à Nuremberg Le public sportif algérien suit avec attention et un certain émerveillement le parcours des Verts qui a commencé il y a une année, soit après l'inévitable phase d'écrémage du Mondial 2010 qui a laissé sur le quai quelques nations huppées. En cet émerveillement que suscitent des «morceaux de bravoure» aussi remarquables que les rencontres Egypte-Algérie (3-1) et Algérie-Côte d'Ivoire (3-2 a.p) ne fait au bout du compte qu'ajouter à la frustration laissée par la production très moyenne des Fennecs dans les joutes amicales qui inquiètent sérieusement à quelques semaines de l'événement planétaire. La comparaison paraît aujourd'hui cruelle mais indiscutable en ce sens qu' elle démontre que l'équipe d'Algérie n'avait rien montré de cohérent, de régulier, d'homogène et d'harmonieux dans son jeu face aux Irlandais, et à plus forte raison devant un adversaire qui voulait montrer qu'il avait sa place en Afrique du Sud. Privée de fond de jeu, de personnalité, de rigueur et de cohérence, de projet de jeu, elle souffre incontestablement de la comparaison aussi bien au niveau individuel que collectif. Les changements consécutifs qu'elle a dû subir, dont un, quelques semaines seulement avant la phase finale du Mondial, ont fragilisé l'ensemble à un point tel que, sous prétexte de renfort et de rajeunissement, il a perdu les «fondamentaux» sur lesquels il s'était appuyé avec un certain bonheur dans sa campagne des éliminatoires du Mondial. Avant de trébucher successivement face à l'Egypte, au Nigeria, à la Serbie et à l'Irlande, sur la dernière marche menant sur la voie de l'Afrique du Sud. C'est pourtant dans les ressources mentales que l'écart parut le plus cruel : un véritable «gap», un fossé de plus en plus profond sépare les Verts des autres mondialistes. Cette âme de guerriers, de conquérants, cette rage de vaincre inépuisable, cet esprit de commando qui faisaient jadis la différence quand l'Algérie se produisait même pour une joute amicale. Sans ce rapport, quelle a été la démonstration des compères de Karim Zani, notamment devant les deux derniers sparring-partners. Dans l'impitoyable bras de fer face aux Serbes et aux Irlandais, ils ont dû puiser au fond de leurs ressources, aller bien au-delà de leur potentiel. Il leur a fallu se dépenser aussi bien physiquement que nerveusement, dégageant parfois une monstrueuse impression de force inébranlable, de foi indestructible, sans toutefois arriver à coordonner leurs actions. Ils ont renoncé à leur «mission» (car c'en était une) pour sombrer corps et âme dans une bataille perdue et à armes inégales. Même au soir d'une terrible désillusion qui aurait pourtant abattu des monstres, soit la lourde défaite des Verts (3-0) devant les deux derniers adversaires. On a beau avancer l'alibi d'un groupe en devenir et d'une mayonnaise qui ne prend pas bien évidemment tout de suite. Cela est sans doute vrai, mais il y a aussi les qualités mentales qui n'ont pas été d'un même degré. D'ailleurs, pour s'en convaincre, il n'y a qu'à entendre le procès fait, à travers les médias, au sélectionneur national par les quelques internationaux qui n'avaient pas été alignés, ou ceux qui ont été écartés de la sélection à quelques bornes du Mondial. Les langues se sont subitement déliées dans une polémique gratuite et stérile de nature à fragiliser la crédibilité et l'autorité du staff technique national. Dans le genre solidarité, esprit de groupe et respect du coach, on peut de toute évidence faire beaucoup mieux. Avant d'y sacrifier qui que ce soit, personne ne peut nier que le rapport entre l'effort consenti en faveur du football et ses performances, au moins au niveau de sa sélection représentative, est nettement déséquilibré et pénalisant pour l'énorme soutien qu'il trouve de la part de l'Etat. La sélection nationale jouit de faveurs qui feraient pâlir d'envie bien d'autres pays du continent. Il est permis de se demander, à cet égard, si la situation va changer avec un autre sparring-partner. Le débat essentiel et prioritaire doit être ouvert aujourd'hui autour du thème des droits et des devoirs des joueurs sur un terrain. Ce même débat concerne également un encadrement sur les orientations et le choix des joueurs, de tactiques et de sparring-partners. S'il n'y a plus de qualité tout court, mentale, technique, physique (eh oui !) et tactique (à se demander si les matches amicaux face aux robustes apportent un plus), la leçon de la Serbie et de l'Irlande l'ayant suffisamment démontré, ne faudrait-il pas repartir à la base et repenser les fondations de la stratégie du foot au lieu de ressasser à l'infini sur de minces détails qui ne changeraient au fond pas grand-chose à cette impression d'énorme gâchis ? La rencontre face aux Emirats arabes unis pointe à l'horizon, il serait préférable de terminer sur une note gaie pour aborder la compétition avec un bon moral. Y. B.