Les examens de fin d'année scolaire perdent de leur sens. Il ne fallait pas en vérité attendre que les candidats au brevet d'enseignement moyen sortent des classes d'examen pour s'en rendre compte. C'était déjà inscrit dans la feuille de route du ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, qui prédisait, sur le ton de la certitude, un taux élevé de réussite. Les prévisions du ministre incluent aussi les épreuves du baccalauréat. Les officiels s'en féliciteront sans doute en annonçant un taux de succès important. Il ne faut pas trop se fier aux chiffres à l'heure des bilans puisque les examens sont vidés de leur sens. Les épreuves sont ainsi conçues de façon à être très abordables pour tous les élèves, quitte à ce que les sujets ne présentent aucune valeur. Ni du point de vue pédagogique, ni scientifique. Les prévisions de Benbouzid sur l'obtention des résultats positifs pour l'année scolaire 2009/2010 visent à préparer les Algériens à une supposée satisfaction là où le bon sens impose plutôt des interrogations. Il est difficile de ne pas voir dans l'intention de gonfler le taux de réussite une volonté manifeste d'occulter les conditions catastrophiques dans lesquelles s'est déroulée l'année scolaire marquée par des mouvements récurrents de grève. Un cycle de grèves a, en effet, miné une année scolaire où il a été très peu question des conditions d'exercice aussi bien pour les enseignants que pour les élèves. Nul ne doute que, face au large consensus sur l'état d'inertie de notre école, les officiels tentent de faire diversion en exhibant des chiffres qui ne traduisent pas fidèlement la vie réelle de l'école et son impact sur la société. La réalité enseigne pourtant que les taux de réussite dépassant les 60% enregistrés ces dernières années n'ont pas contribué à extirper le mal dont notre école souffre à plusieurs niveaux. Contrairement à ce que cela pourrait signifier, les grands chiffres n'ont généré que la dévitalisation du secteur. Il ne suffit pas ainsi d'enregistrer un taux de réussite appréciable pour conclure à une bonne santé de l'école. Examiner le degré d'assimilation et d'intelligence des élèves ne se fait pas à travers des sujets très abordables, comme c'est manifestement le cas pour les examens de la présente session. Si Benbouzid a le devoir de présenter des bilans positifs de sa gestion, cela ne devrait pas se faire au rabais. Personne n'ignore en effet que l'école algérienne n'assume plus son rang de lieu de savoir et d'intelligence depuis qu'elle est transformée en un espace où bricolage et indigence règnent en maîtres des lieux. Au rythme où vont les choses, c'est le système d'évaluation de l'élève et de son niveau qui est dangereusement faussé pour une finalité fantaisiste qui présenterait de supposés bons résultats d'une école fortement ruinée. A. Y.