Photo : Riad Par Youcef Salami En réponse aux questions de journalistes qui l'interrogeaient sur les critiques dont a fait l'objet le rachat d'Orascom Cement par le groupe Lafarge, Luc Callebat, directeur général de Lafarge Algérie, activité ciment, explique que l'opération obéit à la «confidentialité», les deux groupes étant «cotés» en Bourse. Cet argument tient-il la route ? Luc Callebat ne s'est pas attardé sur cette question, soulignant que l'entreprise dont il est responsable est «tournée vers l'avenir», qu'elle a l'ambition d'apporter quelque chose «de positif» au pays et qu'elle est «prête à investir plus» en Algérie. Mais pourquoi avoir attendu deux ans, pour passer à la marque Lafarge ? Le nouveau directeur général de Lafarge Algérie rapporte que ses prédécesseurs avaient jugé que ce «n'était pas le bon moment» d'y passer. Maintenant que c'est fait, je m'en «réjouirai», dit-il. Passer à la marque, c'est «assumer les responsabilités qui sont les nôtres, c'est travailler pour le long terme, c'est renforcer les valeurs dont se prévaut notre société, c'est faire confiance au management local», note M. Callebat. Lafarge projette de «relever» ses capacités de production de ciment gris. Elle en produit aujourd'hui «7,5 millions de tonnes». Mais, ce n'est toujours pas suffisant pour enrayer la tension sur le marché du ciment. La tension dont il s'agit s'était accentuée, quand les usines de ciment (entreprises publiques) étaient à l'arrêt pour des raisons d'ordre technique, pour la maintenance des équipements. Pour le patron de Lafarge, une fois le ciment en dehors de l'entreprise, celle-ci ne peut-être tenue pour «responsable» de ce qui se passe sur le marché. La direction de Lafarge a néanmoins soumis aux autorités algériennes une somme de propositions dont l'objectif est de «contribuer à atténuer» cette pression sur le marché. Et parmi celles-ci on peut citer, outre l'augmentation du volume de production, la volonté de l'entreprise de «déployer une nouvelle politique commerciale», visant à promouvoir les relations avec les «utilisateurs finaux», à «comprendre» leurs besoins en ciments, à développer un partenariat avec des transporteurs, pour une flotte plus dynamique dans la livraison du ciment sur les chantiers… Luc Callebat a par ailleurs évoqué le fait que son entreprise s'est engagée à proposer un projet, dont il n'a pas dévoilé les contours, à la cimenterie de Meftah. Lafarge détient trente-cinq pour cent de l'entité de Meftah, une part d'actions qu'elle a eues dans le cadre de l'ouverture des cimenteries d'Etat au partenariat. Le directeur de Lafarge Algérie avance être «en phase avec nos objectifs», pour ce qui est de ce partenariat. L'entreprise a tracé un programme de «formation», de «modernisation» de la cimenterie en question. En Algérie, le partenariat, Lafarge l'a daté en 2002 avec Cosider : c'était dans l'activité plâtre. En 2007, elle a lancé l'activité béton et granulats. Depuis 2008, elle a investi «cent millions d'euros». Lafarge compte 2 400 employés (ciment et béton), dont 90% d'Algériens. Elle employait une cinquantaine d'expatriés. Ce chiffre a été «divisé par deux», depuis décembre 2009, selon Luc Callebat. Celui-ci insiste sur le fait que l'entreprise veut, au-delà du chiffre, de la performance et de la croissance, «faire porter sur la santé, la sécurité, éducation, et la formation». Elle a enregistré en 2009 «50 000 heures» de formation. Elle a égalent prévu un programme intitulé «Kafaet, compétence» (2010), consistant en un ensemble de modules de formation technique avec plus de «10 000 heures» de formation. Le groupe Lafarge, c'est 78 000 collaborateurs, dont 90% hors de France. Il est présent dans 78 pays, dont 14 en Afrique. Les deux tiers de ses actionnaires ne sont français. Lafarge est leader mondial dans le segment ciment, numéro deux dans celui béton et granulat et troisième dans l'activité plâtre. Lafarge, c'est 15,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Il dispose de plus de 2 200 sites de production et d'un centre de recherche qui travaille pour tous les sites.