Paillettes, stars internationales, marée humaine aux couleurs or et verte, ont marqué le concert qui s'est déroulé jeudi dernier au mythique stade d'Orlando, au cœur de l'emblématique township de Soweto marquant le coup d'envoi officiel du rendez-vous mondial de football, diffusé sur les télévisions du monde entier. Près de trente-cinq mille spectateurs, noirs, blancs et de toutes couleurs de peau, telle une mer arc-en-ciel, se sont réunis dans une liesse festive pour célébrer l'Afrique. Seize années après la fin de l'apartheid, c'est dans le mythique lieu où a eu lieu le soulèvement des étudiants en 1976, que la marche du temps s'est arrêtée durant toute une soirée pour célébrer la nouvelle Afrique du Sud. Celle du renouveau et celle de la réconciliation par le sport et la musique dans une euphorie d'unité nationale. En prélude au concert dans le temple du football à Soweto, le président de la Fédération internationale de football, Slepp Blatter, a déclaré à la foule présente : «C'est le véritable coup d'envoi !» avant d'ajouter : «Le football connecte les gens.» Acclamés par les milliers de personnes aux couleurs des Bafana Bafana (le onze sud-africain surnommé «les garçons» en zoulou), le président sud-africain Jacob Zuma, portant l'écharpe, qu'il ne quitte plus, aux couleurs de l'emblème de son pays, a remercié tous les citoyens de la nation arc-en-ciel pour l'accueil chaleureux fait à tous les supporters venus du monde entier. Il a ajouté sur un ton enthousiaste : «L'Afrique du Sud est une scène ! L'Afrique du Sud rock ! L'Afrique du Sud est cool !» Hugh Masekela, le légendaire trompettiste jazzman sud-africain, en compagnie d'une jeune chanteuse africaine, a marqué le coup d'envoi du concert, avec notamment la célèbre chanson Pata Pata, en hommage à la diva africaine Miriam Makeba. Les spectateurs euphoriques agitaient des fanions sud-africains et aussi d'autres pays à l'instar des couleurs des drapeaux anglais, américain, espagnol et algérien. Lors de cette soirée mémorable, des artistes africains et internationaux aux styles éclectiques ont créé une véritable symbiose avec le public, à l'instar des prestations du Colombien Juanes, des Américains Alicia Keys et John Legend, de la Béninoise Angélique Kidjo, des Maliens Amadou et Mariam ou du charismatique Soweto Gospel Choir et du chanteur de hip-hop africain K'naan. Sans oublier BLK JKS, The Parlotones, Vieux Farka Touré et Vusi Mahlasela. L'Algérie était également présente dans ce concert avec le passage sur scène du groupe algéro-malien, «Tinariwen». Vêtu de tenues traditionnelles des Touareg, deux drapeaux algériens déployés sur scène, le groupe a séduit les milliers de spectateurs par les mélodies enivrantes du Sahara. L'un des moments émouvants de cette soirée a été la présence sur scène du Nobel de la paix sud-africain, Mgr Desmond Tutu âgé de 78 ans. Intervenant entre deux artistes, il a été ovationné par le public, lorsqu'il a confié sa joie de voir l'Afrique du Sud accueillir le Mondial, le premier jamais organisé sur le continent. Dans ce stade situé au cœur du lieu symbolique de la lutte apartheid, il a lancé à la foule un poignant «Je rêve !». Les applaudissements ont redoublé d'intensité lorsqu'il a ajouté d'une voix nouée par l'émotion : «Nous voulons dire au monde que cette chenille laide, si laide, que nous étions, est devenue ce papillon si joli, si joli !» Portant le tee-shirt des Bafana Bafana, un bonnet jaune enfoncé jusqu'aux oreilles et une écharpe du onze national autour du cou, il a enflammé les milliers des spectateurs lorsqu'il a lancé un retentissant «nous sommes tous Africains !». Les stars incontestables de cette soirée ont été la sulfureuse chanteuse colombienne Shakira et le célèbre groupe des Black Eyed Peas. La température est monté d'un cran, Shakira, vêtue d'un bustier noir et blanc, dévoilant son ventre musclé par ses célèbres déhanchements, les jambes enserrées dans un collant aux mêmes couleurs avec par-dessus un tutu de paille africain. Elle a commencé par chanter ses plus récents succès, avant d'enflammer le stade avec l'hymne officiel de la compétition Waka Waka (C'est au tour de l'Afrique) avec le groupe de pop sud-africain Freshlyground, gratifiant le public de quelques pas africains ajoutés à ses fameux déhanchements. Dans la ferveur de cette ambiance de communion, les Black Eyed Peas se sont invités sur scène où ils ont improvisé avec la chanteuse colombienne autour des mots «World Cup in South Africa» pour le plus grand bonheur des fans présents. Pour rappel, les recettes nettes du concert seront versées à la campagne officielle de la Coupe du monde de la FIFA-Afrique du Sud 2010, intitulée «20 centres pour 2010», dont l'objectif est de contribuer au changement social en construisant à travers l'Afrique vingt centres de «football for hope» pour offrir à des communautés défavorisées des services d'éducation et de santé ainsi que des possibilités de formation au football. Au final, la réussite de ce concert historique marque un nouveau tournant dans la perception de l'image de l'Afrique du Sud et, par ricochet, de celle de toute l'Afrique. Celle d'un continent uni autour d'une même cause, la célébration de la symbiose entre les peuples dans la joie et l'harmonie. S. A.