Photo : M.Hacène De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Après une crise aigue vécue dans la distribution du lait à Bouira en 2007, les quelques producteurs de lait qui exercent au niveau de la région présagent une autre pénurie de ce produit fortement consommé par les ménages. Cette crise se dessine alors qu'on se rapproche de la période estivale et du mois du Ramadhan où la demande va dépasser les capacités des unités de production existant dans les wilayas limitrophes et de celles qui viennent de s'installer dans les différentes localités de la wilaya. Notons que, l'an dernier, une quarantaine de producteurs de lait de vache avaient protesté contre la décision prise à l'époque par l'entreprise de la production laitière de Draa Ben Khedda de ne plus s'approvisionner auprès d'eux. Hier, pour leur deuxième journée consécutive de protestation, ces producteurs courroucés se sont réunis devant le siège de la wilaya pour appeler les autorités locales, notamment le premier responsable de la wilaya, à prendre en charge leurs doléances après le refus par les responsables de l'unité de collecte située dans la commune de Aïn Bessem, filiale de la maison mère de la laiterie de Draa Ben Khedda de prendre leur produit, sous prétexte que l'entreprise disposait de quantités suffisantes. Ce qui a provoqué la colère de ces producteurs craignant la perte de leur production estimée l'an dernier à 4 000 litres par jour. L'intervention du wali auprès de l'unité de Draa Ben Khedda a, un tant soit peu, apaisé l'inquiétude de ces derniers, qui se plaignaient du manque de moyens matériels et financiers pour collecter et acheminer leur produit en direction de cette unité. Par ailleurs, il y a lieu de noter que la majorité des éleveurs de vaches laitières et producteurs de lait de vache sont dépourvus de moyens de transport et sont installés dans les localités éloignées, à l'exemple de Dirah, El Hachimia et Aïn Bessem. Pour cette année, des producteurs de lait en sachet expriment d'autres inquiétudes et désignent l'Office algérien interprofessionnel du lait (ONIL) comme responsable d'une telle situation. Pourtant, l'office est chargé d'après eux de réguler la production du lait mise sur le marché. En effet, selon Abdou A. B., un jeune producteur de lait en sachet qui a réussi, après de longues tracasseries, à monter une unité de production à Aïn Hdjar, les difficultés auxquelles font face les transformateurs du lait sont dues à la quantité de poudre de lait insuffisante qu'ils reçoivent de l'ONIL. Cette situation les empêche de couvrir les besoins du marché et d'honorer les quantités de sachets de lait commandées par les commerçants. «Nous sommes souvent contraints de limiter les livraisons et d'annuler des commandes à cause du manque de poudre, sans oublier, ensuite, les frais que nécessite l'entretien des machines.» Dans la même situation que ce dernier, un transformateur de Bouira a déclaré que, si le silence des pouvoirs publics persiste, «on sera amener à mettre la clé sous le paillasson et à déclarer faillite». D'autre part, des sources indiquent que la décision de réduction des quotas de poudre de lait est venue à la suite d'une proposition faite par les éleveurs à l'ONIL de réduire les quotas de poudre de lait aux transformateurs qui ne respectent pas le prix minimal fixé en avril 2009 à 30 DA le litre pour le lait cru qui est cédé par l'éleveur au transformateur et ce, en application des dispositions entrant dans le cadre du soutien à la production nationale du lait.