Il n'y a pas photo entre les deux équipes. Mais les Camerounais ont-ils encore des muscles et de la qualité pour arrêter cette équipe nippone, qui arrive avec une nouvelle génération de footballeurs, même si elle n'a pas fait une brillante préparation ? Le Cameroun ne fait plus peur en Afrique. C'est une constellation de stars mais sans véritable stratégie de jeu (le point fort des Camerounais depuis 2000 est cette maîtrise tactique et cette puissance dans le jeu plutôt que les individualités). Il faut revoir le pénible parcours des «Lions indomptables» dans les éliminatoires du Mondial pour s'en rendre compte. Paradoxalement, le Japon, qui a l'équipe la plus collective et la plus complète, a gagné sa place pour ce Mondial, mais sans convaincre, surtout que lors de la préparation. Le pays du Soleil Levant a été dominé (0-2) en Suisse par les Eléphants de Côte d'Ivoire, puis (1-2) par l'Angleterre au Royaume-Uni. Plusieurs experts du football ne voient d'ailleurs pas la sélection nipponne franchir le premier tour, dans son groupe E, où elle a respectivement pour adversaires, le Cameroun, les Pays-Bas et le Danemark. Cameroun et Japon se retrouvent ce soir pour un match qui décidera peut-être du sort de l'un ou de l'autre. Mais, entre-temps, les statuts ont un peu changé. Ça va être une revanche pour les Camerounais, très moyens dans ce Mondial, et un match de confirmation pour les Japonais qui ont à chaque fois battu les Lions sans y mettre toutes leurs ressources. «Le Japon sait comment battre le Cameroun», a même dit un joueur nippon. Ce dernier se rappelle sans doute la victoire (2-0) du Japon sur le Cameroun, lors de la Coupe des confédérations jouée au pays du Soleil Levant en 2001. Pour la petite histoire, le Japon n'a jamais perdu contre le Cameroun et le buteur Takayuki Morimoto espère que cette spirale positive se poursuivera aujourd'hui à Bloemfontein face à Samuel Eto'o et ses coéquipiers. Les Camerounais, de leur côté, n'ont pas montré grand-chose depuis la nomination du coach français Paul Le Guen. En soutenant que les Lions ne décevront pas, le coach reconnaît en être encore à peaufiner des réglages. Paul Le Guen est resté égal à lui-même. «Je suis très optimiste», a-t-il dit d'entrée de jeu, à la conférence de presse qu'il a donnée à l'hôtel Hilton de Yaoundé. Quand la presse rappelle à l'entraîneur-sélectionneur des Lions indomptables que le Cameroun n'a gagné aucun de ses matchs amicaux (deux nuls et deux défaites, ndlr), le technicien affirme n'avoir pas travaillé seulement pour gagner. «J'avais d'autres objectifs. Je ne m'arrête pas aux résultats bruts. Je regarde les matches, je les observe, je regarde à nouveau les vidéos», philosophe-t-il, avant d'ajouter qu'«on a les moyens de bien faire. On a fait de très bonnes choses en Serbie. On est sur le bon chemin. Cette équipe va faire de bonnes choses au Mondial». L'attaque camerounaise n'est certainement pas au top de sa forme, mais la paire Eto'o-Choupo devrait être la meilleure, parce que «ce sont deux joueurs intelligents», qui s'entendent de mieux en mieux. Les excentrés ont trouvé les jambes pour créer le surnombre. Achille Emana pourra jouer derrière l'avant-centre. Par ailleurs, concernant l'instabilité au milieu de terrain, en l'absence de Gérémi pour les coups francs, Le Guen dira qu'il est en train «de procéder à quelques réglages». De quoi inquiéter les journalistes après deux semaines de préparation. Il faudra que le Cameroun soit celui des grands jours pour parvenir à neutraliser ce football d'ensemble et rapide des Nippons, et faire oublier le choc des défaites de la préparation. Y. B.