Photo :Riad De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Un groupe d'entrepreneurs rencontré dernièrement lors d'une journée d'étude sur les systèmes de construction, organisée par l'OPGI, a indiqué que plusieurs projets de construction de logements et d'équipements publics, à travers la wilaya de Bouira, sont à l'arrêt et risquent d'accuser des retards considérables. Selon eux, la léthargie des chantiers et le ralentissement de cadence des travaux sont dus, essentiellement, à la crise du ciment. De plus, cette crise est aggravée par les pénuries des autres matériaux de construction et les lenteurs administratives. Un des entrepreneurs a affirmé que le sac de ciment est cédé au marché parallèle à 800 DA alors que son prix réel n'est que de 300 DA. Par ailleurs, cette tension a été attribuée à l'arrêt technique opéré par l'usine de l'ERCC de Sour El Ghozlane, dont la capacité de production est d'un million de tonnes/an. Cet arrêt a été une aubaine pour les spéculateurs et autres revendeurs de ce produit. «Un revendeur que j'ai contacté pour m'approvisionner en ciment, m'a dit, sans hésiter, qu'il était prêt à me livrer un chargement de 20 tonnes de ciment, au prix de 280 000 dinars», alors que le prix d'usine pour la même quantité est de 120 000 dinars, dira notre interlocuteur. Un autre renchérira en affirmant que les entrepreneurs sont entre le marteau et l'enclume. «D'un côté, on a les maîtres d'ouvrage et les autorités qui n'attendent pas et qui exigent toujours le respect des délais de réalisation, de l'autre, nous avons ces contraintes liées à la procédure de programmation, la pénurie du produit et la spéculation sur son prix», dira-t-il. Cette situation a poussé certaines entreprises de construction à mettre la clé sous le paillasson. Pendant ce temps, disposant de grandes quantités de ciment, les spéculateurs continuent de jouer à leur guise avec les prix. Ces adeptes du gain facile saisissent l'occasion de s'enrichir davantage en agissant de connivence avec certains promoteurs indélicats qui revendent en cachette une partie de leur quota de ciment destiné à la réalisation de projets. De côté des services concernés, nous avons appris que, dernièrement, pas moins de cinquante personnes avaient été poursuivies par la direction de wilaya du commerce et la direction de la cimenterie pour vente illégale de ciment. Par ailleurs, le recours au ciment d'importation qui a attiré, au départ, un certain nombre d'entrepreneurs, n'a pas contenté l'ensemble de ces opérateurs, car, quand le produit est disponible, ce sont les frais de transport depuis le port d'Alger qui leur reviennent cher et rendent donc la dépense très difficile à supporter. L'un d'entre eux a affirmé avoir déboursé 50 000 dinars de plus pour acheminer un chargement de 20 tonnes, vers son chantier à Bouira. Cette situation de crise et de blocage arrive au moment où la wilaya procède au lancement de plusieurs projets de construction de logements à travers les différentes localités, en plus des projets de construction des équipements publics pour les différents secteurs. Selon les chiffres de l'OPGI, le nombre de logements sociaux locatifs lancés est de 9 150 unités, dont 1 750 logements inscrits dans le cadre du nouveau programme de 2010, auxquels s'ajoutent 400 logements LSP qui restent à achever.