Sous l'effet de la crainte d'une élimination prématurée de la Coupe du monde de football, la Grèce, dernière de son groupe à la différence de buts, croisera aujourd'hui le Nigeria à Bloemfontein et promet de prendre le dessus. Signe des temps qui changent, les Super Eagles ne faisaient pas la file à l'issue de la rencontre face aux Argentins pour relater ce premier pas non réussi de l'ère Lars Lagerbäck, engagé pour reprendre les rênes de l'équipe nigériane avec un contrat de 5 mois. «C'est la première fois que je peux gagner avec les Nigérians», jubilait-il. «On a senti, par rapport au match précédent, qu'il y avait plus d'envie», poursuivait le coach suédois du Nigeria. Envie, le mot est lancé. Tel un leitmotiv, il était sur les lèvres de tous les Aigles Verts interviewés hier soir. A égalité peut-être avec le mot bloc. Deux concepts totalement disparus de notre planète foot contrairement aux dinosaures fédéraux qui servent de dirigeants à cette Union nigériane devenue bien pâle. Intronisé capitaine du navire, Lars Lagerbäck, a entraîné l'équipe de Suède de 2000 à 2009. Il était, depuis 1997, l'assistant de Tommy Söderberg, à la tête de la sélection suédoise. «Chacun a rempli sa tâche à la perfection, avec discipline. Les trois attaquants ont abattu un boulot monstre. Avec cette mentalité, beaucoup de choses sont possibles.» Hier soir, les joueurs étaient enfin fiers d'être sur le terrain pour le compte de l'équipe nationale. Le coach confirmait ce sentiment et déclarait : «Nous avons montré que la sélection nigériane pouvait évoluer aussi et jouer en bloc. C'était vraiment chouette de pouvoir jouer de cette manière contre une grande équipe d'Argentine.» Le Nigeria, qui n'est plus l'équipe impressionnante des années 90, a raté son entame en s'inclinant face aux capés de Maradona. Il n'a qu'une seule idée en tête : celle de gagner face à la Grèce pour garder ses chances de poursuivre l'aventure de l'épreuve la plus prestigieuse. La Grèce, qui a courbé l'échine face à la Corée du Sud, confirme le fait qu'elle se noie lors des Mondiaux. Une participation, aucune victoire, aucun match nul et donc aucun point. Voilà le bilan de la Grèce au terme de son unique expérience en Coupe du monde de la FIFA, en 1994 aux États-Unis. À cela il faut malheureusement ajouter : aucun but marqué. Seul titre, celui de champion d'Europe remporté en 2004, avec Otto Rehhagel à la barre. Pour le match crucial face aux Nigérians, le sélectionneur allemand pourrait être tenté de revenir à un schéma à trois défenseurs axiaux. Ce secteur de jeu, l'habituel point fort de l'équipe, s'étant montré particulièrement en difficulté contre la Corée du Sud (2-0). Si tel était le cas, le trio Kyrgiakos-Papastathopoulos-Papadopoulos tient la corde pour encadrer Vyntra et Torosidis. Cette bataille promet d'être rude et sans pitié. Une avalanche de styles qui représente l'essence même de la Coupe du monde et qui fait saliver tous les amoureux du football. Le représentant africain tant attendu aura à cœur de se racheter aux yeux de ses fans et renforcer ainsi son statut de grande formation. Les Nigérians, stimulés par la performance de leurs amis ivoiriens, voudront au moins faire bien. En outre, on se satisfait du bon esprit du groupe, conscient plus que jamais de la tâche qui l'attend. Les Super Eagles n'ont pas le droit de rater leur seconde sortie face à une équipe à leur portée, tant les espoirs placés en eux sont immenses. Le vaincu de ce match fera ses adieux à la compétition, le Nigeria ayant, tout comme la Grèce, perdu son premier match. Y. B.